Oxford, qui compte de nombreux établissements d’enseignement supérieur (ici, Kellogg College) accueillera bientôt des étudiants de l’université de Pékin. | Kelloggian (CC BY-SA 3.0)

Plus de 10 millions d’euros, si l’on en croit le magazine économique chinois Caixin, c’est le montant de la transaction conclue à la fin de février par l’université de Pékin pour acquérir le manoir de Foxcombe Hall, près d’Oxford, berceau de l’excellence universitaire en Grande-Bretagne. Construits au XIXe siècle, en partie dans le style Tudor – qui caractérise les old schools britanniques –, le manoir et ses dépendances sont situés au cœur d’un domaine de six hectares. A partir de l’été 2018, ils devraient accueillir des étudiants chinois, mais aussi britanniques et européens qui suivront sur place une année d’études avant de rejoindre l’université de Pékin à Shenzhen, pour un cursus centré sur l’économie chinoise.

« De plus en plus d’étudiants européens s’intéressent à la Chine, mais ils ont du mal à comprendre certaines caractéristiques de l’économie chinoise, explique à Caixin Liu Shaojia, qui a lui-même enseigné l’économie à Londres avant d’apporter son concours au projet. La meilleure façon de les y aider est de leur permettre de venir étudier en Chine. »

L’opération constitue une première. Elle intervient alors que le président Xi Jinping a exhorté les universités chinoises à tout mettre en œuvre pour améliorer la qualité de leurs enseignements et à orienter leurs efforts vers l’innovation, souligne Caixin. Actuellement 39au classement mondial des universités QS, l’université de Pékin a récemment bénéficié d’importantes subventions pour moderniser ses équipements et recruter des enseignants issus des meilleures universités mondiales.

L’entité qui s’est officiellement portée acquéreur de Foxcombe Hall, la HSBC Business School (ex-Shenzhen Business School), compte déjà, quant à elle, environ 40 % d’enseignants étrangers.

Les enfants des hauts dirigeants chinois vont à l’étranger

Tom Phillips, correspondant à Pékin du Guardian, relève de son côté que ce projet intervient alors que la liberté d’expression est placée sous haute surveillance dans les universités chinoises. Voilà quelques mois, le président Xi Jinping a appelé à un renforcement de l’emprise du Parti communiste sur l’enseignement. Le ministre de l’éducation avait annoncé auparavant que les manuels faisant la promotion des « valeurs occidentales » seraient désormais exclus des universités.

The Guardian note également que, même si la Chine a désormais deux universités classées parmi les cent meilleures du monde, les enfants des hauts dirigeants chinois ont l’habitude d’effectuer leurs études supérieures à l’étranger. C’est en effet à Harvard que Xi Mingze, la fille de Xi Jinping, s’est inscrite ; Bo Guagua, le fils de Bo Xilai, l’ex-secrétaire du Parti de Chongqing condamné à la prison à vie pour corruption, avait pour sa part choisi Oxford.

Jean-Luc Majouret (Courrier international)

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