Série sur Netflix à la demande

Better Call Saul Season 3 Promo
Durée : 00:31

Que sait-on, au juste, de Saul Goodman ? Que c’est un nom d’emprunt que s’était fabriqué le jeune Jimmy McGill, lorsqu’il passait son temps à inventer des escroqueries à la petite semaine (genre bonneteau) : « It’s all good man » donnant « Saul Goodman ». On sait aussi que c’est sous ce patronyme « certifié conforme » qu’il mènera ses activités d’homme de loi véreux dans la série Breaking Bad, jamais à court de mauvaises idées pour sortir le chimiste Walter White du pétrin. Enfin, quelques images en introduction de Better Call Saul nous le présentent vieilli, résigné, voire cassé, gérant d’un fast-food (« Cinnabon où tout est bon ») au cœur d’un centre commercial du Nebraska : là où la vie l’a échoué, une fois finie la traversée de Breaking Bad.

Finesse de son humour

Better Call Saul, dont Netflix propose le premier épisode de la saison 3 depuis mardi 4 avril (il s’agira d’un épisode hebdomadaire, à la suite d’AMC), retrace la période où, jeune adulte, Jimmy McGill jure vouloir en finir avec sa jeunesse « farces et arnaques » et, boussole morale en main, décide de rejoindre son frère aîné Chuck au Nouveau-Mexique pour s’engager dans la ligne droite d’une vie d’avocat (après s’être formé en ­suivant des cours par correspondance). La série promet donc de le suivre pendant les six ou sept ans que dureront ces bonnes résolutions, avant que Walter White ne fasse appel à ses déloyaux services dans Breaking Bad

Selon les quelques confidences de ses deux créateurs, Vince Gilligan et Peter Gould – nous n’avons pas encore pu voir cette saison –, l’intrigue reprend exactement là où elle s’était arrêtée en saison 2 : Jimmy, petit avocat à la peine (qu’interprète le truculent Bob Odenkirk), vient d’avouer à son frère Chuck, sommité du barreau, qu’il a falsifié certains de ses documents afin de lui faire perdre un très important client. Or Chuck a tout enregistré à l’insu de Jimmy, ce qui devrait valoir d’énormes ennuis au cadet. Peut-être même la prison, au vu de certaines photos annonçant cette nouvelle saison…

Le créateur de la série « Better Call Saul » Vince Gilligan et l’acteur Bob Odenkirk. | MICHELE K. SHORT/AMC/NETFLIX

Au-delà de Bob Odenkirk et des mille nuances qu’il apporte à son personnage, deux autres magnifiques truands, piliers dans Breaking Bad, vont nous révéler leur passé dans cette série : Mike Ehrmantraut (Jonathan Banks), en tant que gardien de parking et sniper occasionnel pour arrondir ses fins de mois (il était déjà très présent dans les deux premières saisons de Better Call Saul), mais aussi, cette saison-ci, Gus Fring le Maléfique (Giancarlo Esposito), dont on devrait découvrir les débuts à la tête de la chaîne de fast-food Los Pollos Hermanos, cache-sexe de son très florissant trafic de drogue, en arrière-cuisine.

L’intrigue de Better Call Saulse déroulant des années avant celle de Breaking Bad, inutile d’avoir suivi cette dernière pour apprécier la première – même si les clins d’œil aux fans de Walter White sont autant de pointes de jouissance. Vince Gilligan et Peter Gould, ses créateurs, lentement mais sûrement, colorent leur nouvelle série d’une dimension tragi-comique de la plus belle facture. Et créent, avec James McGill, dit Jimmy, alias Saul Goodman, un personnage éminemment émouvant. Finesse de son humour, soin de sa réalisation, humanisme de ses portraits : Better Call Saul s’annonce comme une grande série – et pas seulement comme une préquelle ou un spin-off de Breaking Bad.

Better Call Saul, saison 3, série créée par Vince Gilligan et Peter Gould. Avec Bob Odenkirk, Jonathan Banks, Rhea Seehorn, Michael McKean, Giancarlo Esposito (EU, 2015, 10× 45 min). Un épisode par semaine sur Netflix.