Des canards dans une ferme de Bourriot-Bergonce (Landes), à dix kilomètres de la zone touchée par la grippe aviaire dans le sud-ouest de la France, le 22 février. | GEORGES GOBET / AFP

Secouée pour la deuxième année d’affilée par un épisode de grippe aviaire hautement pathogène, la filière foie gras tente de réagir pour éviter une nouvelle récidive. Elle a donc signé, jeudi 13 avril, au ministère de l’agriculture, un pacte de lutte contre l’influenza aviaire et de relance de la filière. Le texte a été moult fois amendé. Il est vrai que les professionnels du foie gras ont fait entendre leur dissonance depuis l’apparition du virus H5N8 en novembre 2016. Une souche hautement pathogène qui s’est rapidement répandue : fin mars, le nombre de foyers détectés atteignait 485. Le département des Landes est le plus touché, avec plus de la moitié des cas, suivi du Gers, des Pyrénées-Atlantiques, des Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne.

Le syndicat de la Confédération paysanne a dénoncé à cette occasion l’industrialisation de l’élevage de canards et les multiples déplacements d’animaux entre les zones d’élevage, de gavage, d’abattage, sources de potentielles contaminations. Il a défendu, à l’inverse, la survie des élevages autarciques où tout se passe sur la même exploitation.

Après l’abattage de 4 millions de palmipèdes, le ministère de l’agriculture a fixé une période de « vide sanitaire » – durant laquelle plus aucun animal ne doit se trouver dans les élevages – de six semaines entre le 17 avril et le 28 mai. Cette mesure concerne 1 134 communes des cinq départements touchés. Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a confirmé, jeudi, la remise en place des volailles dès le 29 mai. Et a annoncé que, vendredi, à la suite de la publication d’un arrêté, le niveau de risque du territoire sera abaissé à un niveau modéré.

Limiter les déplacements

Le pacte doit permettre de repartir sur de nouvelles bases. M. Le Foll a souligné qu’il avait veillé à ce que les mesures soient adaptées à chaque type de production, et que la production en plein air devait être préservée.

Premier objectif du texte : mieux détecter la maladie et améliorer la réaction collective en cas de crise. Une base de données, agréée par les pouvoirs publics, va enregistrer et géolocaliser tous les élevages de volaille en France. Elle sera associée à des outils cartographiques pour aider à l’assainissement des zones suspectes et prévenir la contamination ainsi qu’à un système d’alerte rapide de tous les intervenants. Un plan d’urgence devra être élaboré.

Deuxième enjeu : sécuriser la production. Depuis le premier épisode de grippe aviaire, les mesures de biosécurité ont été renforcées chez les éleveurs. Ceux-ci devront veiller à protéger les points d’alimentation de l’avifaune pendant les périodes de migration et bien gérer les effluents. Les mesures de confinement des animaux seront adaptées en fonction de la taille de l’élevage. Les éleveurs seraient de plus soumis à un audit annuel.

Accroître la responsabilisation financière

L’autre maillon crucial est celui du transport. L’application des mesures de biosécurité sont jugées insuffisantes. Les transporteurs devront être plus rigoureux. En outre, les organisations de producteurs s’engagent à limiter les déplacements d’animaux. L’obligation serait faite de pratiquer une analyse sur les animaux prêts à gaver en fonction de la taille des lots.

Autre point du pacte : la filière devrait accroître sa responsabilisation financière en cas de crise. M. Le Foll a rappelé que le coût du premier épisode de grippe aviaire en 2015-2016 s’élevait à 150 millions d’euros pour l’Etat dont 50 millions cofinancés par l’Union européenne. La facture de la seconde épizootie n’est pas encore connue.