Le maire (EELV) de Grenoble, Eric Piolle, le 26 janvier, lors de ses vœux à la mairie de la ville. | JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

Eric Piolle, maire (Europe Ecologie-Les Verts) de Grenoble, depuis 2014, annonce au Monde qu’il votera pour Jean-Luc Mélenchon, le 23 avril, au premier tour de l’élection présidentielle.

Pourquoi appelez-vous à voter en faveur de Jean-Luc Mélenchon ?

Je voterai en faveur de Jean-Luc Mélenchon pour encourager le rassemblement de la gauche, des citoyens et des écologistes. J’ai la conviction qu’il existe en France une majorité culturelle, citoyenne, solidaire et écologiste. Il s’agit même d’une majorité puissante qui porte en elle une haute idée de la France et qui ne se reconnaît ni dans la course à la cupidité, ni dans l’ultralibéralisme.

Pour cette majorité de citoyens, les plus fragiles sont les premières victimes des désordres environnementaux. Or cette majorité qui passe par la transmission entre les générations est clairement orpheline. Elle ne se retrouve pas dans le paysage politique actuel, bloqué à la fois par les réflexes d’appareils, qui empêchent l’émergence de la nouveauté et qui enferment tous les débats publics dans des postures stériles.

A Grenoble, vous dirigez la ville avec des soutiens de Jean-Luc Mélenchon, mais votre prise de position n’entre-t-il pas en contradiction avec le choix fait par EELV de soutenir Benoît Hamon ?

Je ne crois pas que cela soit un souci. A l’origine, je me suis battu pour la candidature d’une quatrième personne à l’élection présidentielle, parce qu’il était évident pour tous, que ni Jean-Luc Mélenchon ni Benoît Hamon ne se retireraient. Nicolas Hulot qui a voté en 2012 pour Jean-Luc Mélenchon aurait pu être cette personne, mais cela n’a pas été possible.

En janvier, Benoît Hamon a remporté les primaires du Parti socialiste sur une envie de clarification nette de la ligne politique, en décalage complet avec l’appareil du Parti socialiste. EELV a eu la maturité politique de donner la priorité au projet et d’acter ce processus de clarification, car Benoît Hamon incarne ce refus d’une ligne sociale libérale. Tout cela était attendu depuis 2002 et tout cela est plutôt positif, mais aujourd’hui, ni le PS ni Benoît Hamon ne sont en mesure de fédérer cette majorité culturelle que je défends.

N’allez-vous pas provoquer des remous ?

J’ai prévenu. Et j’ai prévenu du travail que j’ai fait pour fédérer cette majorité. En articulant progrès social et volontarisme écologique, Jean-Luc Mélenchon est le plus à même de cristalliser cette majorité culturelle et ainsi d’accéder au second tour de l’élection présidentielle. L’écologie est le socle commun de cette nouvelle majorité et elle sera le trait d’union de ce nouveau rassemblement à venir. Il y a là quelque chose de solide qui fait que Jean-Luc Mélenchon n’est plus le candidat d’un camp : il devient le candidat de cette majorité culturelle qui veut le changement.

Quelles sont vos attentes pour ce scrutin et ses suites ?

Nous avons l’opportunité pour les élections législatives de ne pas rejouer les rendez-vous manqués de l’élection présidentielle de 2012. Les retrouvailles sont à portée de main. Cela passe par une nouvelle alliance avec la société civile. L’envie est là. Il faut dépasser les étiquettes. C’est le sens de mon engagement politique. On construit d’abord un projet. Il ne suffit pas de gérer l’effondrement du système actuel. Je me bats contre le conservatisme « thatchérien » et réactionnaire de François Fillon, le repli sur soi de Marine Le Pen, et la caricature du système social libéral d’Emmanuel Macron, qui essaie de freiner son effondrement.