Donald Trump, et le président chinois, Xi Jinping, à Mar-a-Lago (Floride), le 7 avril. | Alex Brandon / AP

La Chine voit son horizon s’éclaircir. C’est sur le front commercial, très chahuté ces derniers mois, que la situation s’améliore désormais pour la deuxième économie mondiale. En mars, les exportations chinoises ont progressé fortement, de 16,4 % sur un an, selon les statistiques publiées jeudi 13 avril par l’administration des douanes. Cette hausse est la plus forte enregistrée par le pays depuis un peu plus de deux ans. Une bonne nouvelle qui tombe au moment même où le président américain Donald Trump semble vouloir adopter avec Pékin un ton plus conciliant.

Le géant asiatique profite de l’embellie de la conjoncture mondiale et de son corollaire, la reprise de la demande planétaire. Témoin, l’augmentation des échanges avec les pays émergents mais aussi avec l’Europe et les Etats-Unis, ses deux principaux partenaires commerciaux. « La Chine rattrape enfin le reste de l’Asie pour signer la fin de la récession commerciale », a observé Raymond Yeung, analyste de la banque ANZ, cité par l’agence Bloomberg. Au premier trimestre 2017, le commerce mondial aurait crû à son rythme le plus rapide depuis six ans, selon le cabinet d’études Oxford Economics.

Robustesse de l’activité

Les importations continuent aussi à progresser fortement (+ 20,3 %), témoignant de l’appétit vorace du pays pour le pétrole, le minerai de fer ou le soja. Ces bonnes statistiques confirment la robustesse de l’activité, remisant à l’arrière-plan les craintes d’un atterrissage brutal de la croissance qui ont fait trembler les marchés plus d’une fois en 2015 et 2016. Au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) chinois aurait progressé de 6,8 %, au même rythme qu’au dernier trimestre 2016, selon les économistes sondés par Reuters. Le chiffre officiel sera publié lundi.

Le bond des exportations vient aussi effacer le repli inattendu de 1,3 % enregistré en février et, surtout, le plongeon de 7,7 % des ventes à l’étranger en 2016. « On peut s’attendre à ce que les exportations chinoises continuent à bénéficier d’une meilleure demande mondiale dans les mois qui viennent, prédit, dans une note publiée jeudi, Louis Kuijs, chez Oxford Economics. Et s’il reste des risques baissiers, nous pensons que le danger de tensions commerciales sévères avec les Etats-Unis a diminué après la rencontre entre les présidents Trump et Xi le week-end dernier. »

« Des facteurs d’instabilité »

Depuis qu’il a reçu son homologue chinois Xi Jinping, les 6 et 7 avril, dans sa villa de luxe en Floride, M. Trump a, de fait, largement modéré sa rhétorique belliqueuse à l’endroit de Pékin. A cette occasion, il s’est même félicité devant la presse d’« une très bonne alchimie » avec M. Xi, oubliant ses attaques contre un pays décrit, pendant sa campagne, comme le « plus grand voleur de l’histoire ». Aucune mention n’a été faite de ses menaces les plus agressives, comme des droits de douane de plus de 40 % visant les produits chinois.

M. Trump a poursuivi sur cette voie de l’apaisement dans une interview au Wall Street Journal, mercredi. Après avoir accusé Pékin pendant des mois de sous-évaluer le yuan, pour doper ses exportations, le président a indiqué que la Chine ne serait pas officiellement qualifiée de « manipulateur de devise ». M. Trump en avait pourtant fait l’une de ses promesses de campagne les plus emblématiques. Au risque, s’il était passé à l’acte, de déclencher une guerre commerciale.

Pour la Chine, toutes les incertitudes ne sont toutefois pas levées. Le locataire de la Maison Blanche a indiqué être prêt à un compromis si Pékin « résout » le problème nord-coréen. Après leur rencontre, MM. Trump et Xi se sont entendus sur la mise en place d’un plan de cent jours pour trouver des solutions à leurs différends commerciaux. Notamment en tâchant de réduire le déficit commercial chronique que les Etats-Unis enregistrent vis-à-vis de la Chine. Comment ? Nul ne le sait. Les autorités chinoises se sont d’ailleurs bien gardées de fanfaronner en annonçant le redémarrage de leurs exportations. « La situation du commerce extérieur en Chine reste complexe avec de nombreux facteurs d’instabilité », a commenté le porte-parole des douanes.