François Hollande a présidé, samedi 15 avril, à l’Elysée, une cérémonie de naturalisation de vingt-huit « tirailleurs sénégalais » ayant combattu dans les rangs de l’armée française en Indochine ou Algérie, cinquante-sept ans après les indépendances africaines.

Parmi ces vingt-huit tirailleurs figurent vingt-trois Sénégalais, deux Congolais, deux Centrafricains et un Ivoirien. L’appellation « tirailleurs sénégalais » est liée à la formation des premiers régiments au Sénégal, mais les militaires à la célèbre chéchia rouge étaient en fait originaires de toutes les colonies françaises, de l’Afrique occidentale et centrale jusqu’à Madagascar.

Ces tirailleurs appartiennent à la « dernière génération » d’une longue lignée de combattants africains engagés volontaires ou enrôlés d’autorité dans les rangs de l’armée française. Nés entre 1927 et 1939, les vétérans décorés samedi vivent pour la plupart en région parisienne et vont donc recouvrer une nationalité qu’ils avaient perdue à l’indépendance des colonies en 1960.

Il s’agit de « reconnaître l’engagement et le courage des tirailleurs sénégalais issus de l’Afrique subsaharienne, qui ont combattu pour la France dans les différentes opérations militaires entre 1857 et 1960 », explique l’Elysée.

Pétition signée par 60 000 personnes

Cette cérémonie est l’aboutissement d’une pétition lancée l’an dernier à l’initiative d’Aïssata Seck — adjointe à la maire de Bondy (Seine-Saint-Denis) et petite-fille d’un ancien combattant sénégalais —, qui a été signée par soixante mille personnes.

« Ces Français par le cœur sont dans des situations terriblement précaires. Munis de simples cartes de séjour, ces retraités n’ont d’autre choix que de rester seuls sur le territoire français. Partir finir leur vie au Sénégal, près de leurs familles, signifierait perdre leurs faibles pensions ; un choix matériellement impossible. »

A la suite de cette pétition, François Hollande s’était engagé en décembre à ce que ces dossiers de naturalisation soient examinés « avec rapidité et bienveillance ».

« D’autres dossiers vont suivre pendant les mois prochains », selon Aïssata Seck. A l’Elysée, cependant, on précise que seules quelques dizaines de personnes sont concernées et seront naturalisées en préfecture.

« On sait qu’ils étaient plus de deux cent mille hommes lors de la première guerre mondiale, cent cinquante mille pour la seconde, soixante mille en Indochine... », rappelle l’historien Julien Fargettas, auteur d’un ouvrage consacré à ces « soldats noirs ». A la fin des guerres coloniales, et pour pouvoir faire vivre leurs familles restées au pays, de nombreux tirailleurs sénégalais choisirent de vivre en France.