Des militants anti-avortement à Washington, le 11 février. | MARIO TAMA / AFP

Donald Trump a comblé sa base conservatrice en signant, jeudi 13 avril, un projet de loi du Congrès compliquant le financement des centres de planning familial. Le texte annule une mesure prise en décembre 2016 par son prédécesseur, Barack Obama, et entrée en vigueur le 18 janvier, deux jours avant la fin de son second mandat.

Les fonds fédéraux ne peuvent pas être utilisés pour financer des avortements, sauf dans les cas de viol, d’inceste, et lorsque la vie de la mère est en jeu. Mais le président démocrate avait souhaité interdire une pratique de plus en plus développée par les Etats les plus conservateurs : le blocage des financements par l’Etat fédéral de soins de contraception, contre les maladies sexuellement transmissibles, ou de dépistage de certains cancers comme celui du sein, dans les centres du planning familial et les cliniques qui pratiquent des interruptions volontaires de grossesses.

Bataille impitoyable

Au Sénat, le texte était passé d’extrême justesse, le 30 mars, du fait de l’étroite majorité républicaine (52 voix sur 100). Deux élues républicaines, Lisa Murkowski (Alaska) et Susan Collins (Maine) s’étaient en effet opposées à une mesure qui frappera, selon elles, les personnes les plus défavorisées. Il avait fallu qu’un sénateur républicain de Géorgie, Johnny Isakson, opéré quelques jours du plus tôt du dos, soit conduit dans l’enceinte de la haute assemblée en fauteuil roulant pour qu’il puisse voter et ainsi permettre au camp républicain de disposer d’un même nombre de voix que les adversaires de la mesure. Le vice-président, également président du Sénat, Mike Pence, avait alors pris part au vote pour faire pencher la balance du côté républicain.

Au nom de la lutte contre l’avortement, les conservateurs mènent depuis des années une bataille impitoyable contre les centres du planning familial, alors qu’une bonne partie de son réseau ne pratique pas les IVG. Pendant la campagne, M. Trump a exprimé à plusieurs reprises son opposition à l’avortement, un sujet sur lequel il a beaucoup évolué au fil des années, tout en rappelant l’importance des soins prodigués par l’organisation.

Le 6 avril, le site Politico avait révélé une rencontre discrète entre l’influente fille aînée de M. Trump, Ivanka Kushner, qui occupe désormais un poste de conseillère à la Maison Blanche, et la responsable du planning familial, Cecile Richards, une démocrate revendiquée. Cette dernière a depuis ouvertement déploré le silence de Mme Kushner face aux offensives conservatrices.