A une semaine du premier tour de la présidentielle, les deux candidats s’affrontant dans les sondages pour la troisième place, François Fillon (Les Républicains, droite) et Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, gauche), ont livré des entretiens à la presse, dimanche 16 avril. Le résumé.

  • François Fillon : une « feuille de route » de trois ans à ses ministres

Le candidat de la droite à la présidentielle, François Fillon, a esquissé dans Le Journal du dimanche ce que serait sa ligne de conduite à l’Elysée s’il était élu. Il explique ainsi vouloir fixer une « feuille de route » de trois ans à ses ministres, se laissant la possibilité de « changer d’équipe gouvernementale » si les objectifs ne sont pas « atteints ».

L’ancien chef du gouvernement de Nicolas Sarkozy, qui fut qualifié par ce dernier de « collaborateur », affirme que sous son quinquennat, le « premier ministre ne sera ni un président bis ni un collaborateur ».

« Il faut lui laisser l’autonomie suffisante si on veut qu’il soit efficace, responsable et qu’on puisse lui demander des comptes. »

Le député de Paris ne précise pas s’il réserve ce poste à François Baroin, alors qu’au début du mois d’avril, il avait estimé qu’il pourrait constituer « un très bon choix ». « Désigner un premier ministre, voire une partie du gouvernement avant le premier tour – comme je voulais le faire initialement –, ce serait donner le sentiment aux Français d’une forme d’arrogance », argue-t-il.

Interrogé sur la composition de son équipe gouvernementale, François Fillon affirme vouloir rassembler « tout le monde », sans exclure de faire appel à certains qui l’ont « lâché » en raison des affaires d’emplois fictifs présumés de membres de sa famille, qui lui ont valu une mise en examen. « Il faut faire table rase du passé », assure-t-il.

Un peu plus tôt dans la journée, le candidat participait à l’enregistrement de l’émission Forum Radio J, qui doit être diffusée dimanche. Il avait alors estimé que le mouvement Sens commun, émanation de la Manif pour tous, pourrait faire partie de son gouvernement : « Sens commun fait partie des hommes et des femmes qui sont fiers de leur pays, attachés à leurs traditions, pour lesquels j’ai beaucoup de respect. »

Les déclarations de François Fillon sur Radio J ont été commentées dès samedi par le député-maire LR de Reims, Arnaud Robinet. « Perso je préfère le sens de l’intérêt général que le sens commun », a-t-il déclaré sur Twitter. « L’arrivée de Sens commun au sien du parti Les Républicains a été une erreur, sa présence dans un gouvernement serait une faute », a affirmé plus frontalement le député LR Dominique Bussereau.

Le député de Paris a repris, samedi, sa campagne en direction de l’électorat catholique, avec un déplacement au Puy-en-Velay, lieu de départ d’un des chemins de pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle.

  • Jean-Luc Mélenchon : « Si je suis élu, je saurai exactement par quel bout commencer »

Le candidat de La France insoumise à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, a insisté dans Le Parisien sur sa capacité à gouverner. « Je n’ai pas la culture du minoritaire permanent. Quand je me présente à une élection, c’est pour la gagner », fait-il valoir dans un entretien avec des lecteurs.

Alors qu’on lui demande s’il veut « vraiment être président », l’eurodéputé souligne qu’il se comporte comme un homme qui s’apprête à occuper la fonction.

« Je connais bien mes dossiers, si je suis élu à l’Elysée, je saurai exactement par quel bout commencer. »

Son élection « n’a jamais été si près de se réaliser, ce qui serait un événement mondial », juge Jean-Luc Mélenchon.

Le candidat de La France insoumise se défend de toute position extrémiste. « J’entends ou je lis qu’on me dépeint comme quelqu’un d’ultra-extrême gauche. Si c’est le cas, je me demande ce que devient [Philippe] Poutou [le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste]. Non je ne suis pas d’extrême gauche. »

Pour M. Mélenchon, la majorité socialiste sortante n’appartient pas à la gauche. « Le pouvoir s’est renié, trahi de toutes les manières possibles. Il a fait des dégâts considérables chez les gens qui leur faisaient confiance depuis toujours », a-t-il souligné.

Objet de vives critiques depuis son ascension dans les enquêtes d’opinion, l’eurodéputé avait choisi de clarifier quelques-unes de ses positions dans un entretien à Ouest-France, paru samedi matin. « Je n’ai pas l’intention de faire Cuba en France », y assurait-il, avant de revenir sur son « soutien » à l’ancien président vénézuélien, Hugo Chavez.

« J’ai soutenu Chavez contre l’agression des Américains. Aujourd’hui, le problème de ce pays, c’est d’abord la baisse du prix du pétrole. Je n’y suis pour rien. Je trouve que c’est un signe d’extrême désarroi intellectuel de m’affronter sur un terrain pareil avec une telle caricature. »

Le candidat de La France insoumise en profitait en outre pour répondre à François Hollande, qui avait mis en garde, dans un entretien au Point, contre les « simplifications » et les « falsifications qui font que l’on regarde le spectacle du tribun plutôt que le contenu de son texte ». Pour M. Mélenchon, le président est « aveugl (é) » par ses « détestations personnelles ».

« Quand je suis à 18 %, il pense que je sens mauvais. Mais qu’a-t-il dit quand Marine Le Pen était presque à 30 % ? »