Les derniers résultats provisoires publiés par l’agence Anatolie, sur 99% des urnes dépouillées, donnent une courte avance au oui, avec 51,34% des suffrages. | UMIT BEKTAS / REUTERS

Le premier ministre turc, Binali Yildirim, a revendiqué, dimanche 16 avril dans la soirée, la victoire du oui au référendum sur une réforme constitutionnelle renforçant considérablement les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan, un scrutin dont l’opposition a contesté d’avance le résultat.

Les derniers résultats provisoires publiés par l’agence de presse Anatolie, sur 99 % des bulletins dépouillés, donnent une courte avance au oui, avec 51,34 % des suffrages. Loin du plébiscite espéré par le président Erdogan, ce résultat est par ailleurs marqué par des scores défavorables au chef de l’Etat dans les grandes villes, comme Ankara et Istanbul, qui ont voté non d’une très courte majorité. « Une telle réforme ne peut passer avec une majorité aussi étriquée », affirme Murat Yetkin, directeur du Hurriyet Daily News, sur CNN-Turk.

Des pouvoirs très largement renforcés

Une fois la réforme approuvée, Recep Tayyip Erdogan, déjà largement mis en confiance par l’échec du coup d’Etat du 15 juillet 2016 et les purges qui s’en sont ensuivies, verrait ses pouvoirs très largement renforcés. Il pourrait notamment briguer des mandats présidentiels jusqu’en 2029, et obtenir la main-mise sur les pouvoirs législatif et judiciaire.

Il reprendrait immédiatement la gouverne du Parti de la justice et du développement (AKP), laissée aux premiers ministres (Ahmet Davutoglu puis Binali Yildirim) depuis qu’il a été élu président, en août 2014. L’ancienne Constitution, issue du coup d’Etat militaire de 1980, plaçait le président au-dessus des partis politiques. Les nouveaux amendements prévoient que le président conserve la direction du parti dont il est issu.

Il pourrait profiter de la victoire du oui pour prononcer la dissolution de l’actuel Parlement. Deux partis affaiblis (les nationalistes du MHP, occupés à leurs divisions, et les prokurdes du HDP, très touché par les purges et la répression) pourraient bien en cas de législatives ne pas parvenir à franchir le seuil des 10 %. L’électorat du CHP (kémaliste) étant stable depuis toujours (25 % à 28 %), cela laisserait un boulevard à l’AKP, le parti au pouvoir.