Une famille devant la télé, le 16 avril à Istanbul en Turquie. | NICOLE TUNG POUR "LE MONDE"

Après la courte victoire du oui au référendum accordant des pouvoirs accrus au président Recep Tayyip Erdogan, l’Union européenne (UE) a appelé dimanche 16 avril le gouvernement turc à rechercher le « consensus national ».

« Au vu du résultat serré du référendum et des implications profondes des amendements constitutionnels, nous appelons (…) les autorités turques à rechercher le consensus national le plus large possible dans leur mise en œuvre », écrivent dans un communiqué commun le président de la Commission de l’UE, Jean-Claude Juncker, la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et le responsable de l’élargissement de l’UE, Johannes Hahn, l’opposition turque craignant de son côté une dérive autoritaire.

Le président Erdogan a placé les relations avec l’UE au cœur de la campagne, critiquant Bruxelles pour l’absence de progrès dans les discussions en vue de l’intégration de la Turquie et usant du qualificatif de « nazi » à l’égard de l’Allemagne et des Pays-Bas, qui ont interdit les meetings électoraux aux communautés turques sur leur territoire.

« Les amendements constitutionnels, et particulièrement leur application concrète, seront évalués à la lumière des obligations de la Turquie en tant que candidate à l’Union européenne et en tant que membre du Conseil de l’Europe », ajoute le communiqué.

Le communiqué signale encore que l’UE « attend l’évaluation » des observateurs internationaux « quant aux irrégularités évoquées » par l’opposition turque dans le scrutin. « Nous encourageons la Turquie à prendre en compte les inquiétudes et les recommandations du Conseil de l’Europe, y compris au sujet de l’état d’urgence », poursuit le communiqué de l’UE.

L’indépendance du système judiciaire requise par le Conseil de l’Europe

Le Conseil de l’Europe, qui comprend les 28 membres de l’Union européenne et la plupart des autres pays européens, suit notamment l’évolution des droits de l’homme, autre sujet conflictuel avec la Turquie, l’UE ayant signifié à plusieurs reprises à Ankara son inquiétude sur les purges massives déclenchées par le président Erdogan après le coup d’État manqué de juillet.

Dans un communiqué en son nom, le Conseil de l’Europe a également réagi dimanche soir au résultat de ce référendum. « Etant donné le résultat serré, le pouvoir turc doit envisager les prochaines étapes avec prudence », a mis en garde le secrétaire général de l’organisation paneuropéenne, Thorbjørn Jagland.

« Il est de la plus grande importance de garantir l’indépendance du système judiciaire conformément au principe de l’Etat de droit inscrit dans la Convention européenne des droits de l’homme », a insisté M. Jagland.

De son côté, le premier ministre danois, Lars Lokke Rasmussen, a été beaucoup plus direct sur son compte Twitter, estimant « étrange que la démocratie serve à limiter la démocratie ».

« Je ne remets pas en cause le droit de la majorité, mais je suis assez préoccupé par la nouvelle réforme constitutionnelle en Turquie », a ajouté le chef du gouvernement danois.