De l’ivoire confisqué par les autorités kényanes, à Nairobi, en 2016. | CARL DE SOUZA / AFP

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) tire la sonnette d’alarme : près de la moitié des quelque 200 sites naturels classés au patrimoine mondial de l’Unesco [Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture] sont victimes de braconnage ou d’exploitation forestière.

Dans un rapport publié mardi 18 avril, l’ONG déplore ainsi que « les espèces classées à la CITES [Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction] sont victimes de prélèvement illégal dans 45 % » de ces zones. Le WFF souligne toutefois que l’estimation de l’ampleur des activités concernées est rendue difficile par leur nature illicite.

Ultimes habitats pour certaines espèces

D’après le rapport, le braconnage des espèces vulnérables et menacées, au premier rang desquelles les éléphants, les rhinocéros et les tigres, est signalé dans au moins quarante-trois sites du patrimoine mondial, tandis que des cas d’exploitation forestière illégale d’espèces végétales précieuses, comme le bois de rose et l’ébène, sont recensés dans vingt-six sites. Quant à la pêche illégale, elle est rapportée dans dix-huit des trente-neuf sites marins et côtiers actuellement définis.

Près d’un tiers des tigres à l’état sauvage et 40 % des éléphants d’Afrique vivent dans les zones classées par l’Unesco. Elles constituent parfois les ultimes habitats pour des espèces menacées : c’est le cas pour le rhinocéros de Java en Indonésie ou le marsouin de Californie, espèce du Golfe du Mexique.

Le braconnage met en péril les espèces mais aussi l’économie locale, en diminuant l’attractivité de ces sites pour les touristes qui souhaitent admirer les animaux dans leur environnement naturel. Le Fonds mondial pour la nature estime que le braconnage de l’éléphant prive chaque année le continent africain de 25 millions de dollars de recettes touristiques (23,5 millions d’euros).

Des milliards de dollars

D’une valeur annuelle comprise entre 15 et 20 milliards de dollars, le marché du commerce illégal d’espèces sauvages se classe au quatrième rang mondial des commerces illicites après la drogue, la contrefaçon et le trafic d’êtres humains, selon le rapport.

Quant au commerce illégal de bois d’œuvre – c’est-à-dire destiné à tout emploi autre que le chauffage –, responsable à lui seul de 90 % de la déforestation enregistrée dans les grands pays tropicaux, il est valorisé à hauteur de 30 à 100 milliards de dollars par an par l’ONG.

Le WWF souligne que « populations locales et criminels étrangers se livrent » à ces activités, précisant toutefois : « il y a tout de même lieu de distinguer le phénomène pratiqué à petite échelle par les riverains pour s’approvisionner en viande de brousse, de celui exercé à grande envergure par les réseaux criminels. »