Nicolas Maduro, au centre, à l’occasion des célébrations du septième anniversaire de la milice bolivarienne, devant le palais présidentiel de Miraflores à Caracas, le 17 avril. | Ariana Cubillos / AP

A deux jours d’une nouvelle grande manifestation de l’opposition, le président socialiste du Venezuela, Nicolas Maduro, a reçu lundi 17 avril le soutien de l’armée, acteur incontournable du jeu politique dans ce pays en crise politique et économique.

« Les forces nationales bolivariennes (…) ratifient leur loyauté inconditionnelle envers Monsieur le président », a assuré le ministre de la défense, Vladimir Padrino Lopez, lors d’un rassemblement de milliers de membres de la milice civile, organisé en présence du chef de l’Etat, face au palais présidentiel de Miraflores, à Caracas.

M. Maduro est un « président véritablement chaviste [du nom de l’ancien président Hugo Chavez, mort en 2013] que les forces armées admirent profondément », a affirmé le général, balayant ainsi les fissures apparues ces dernières semaines dans le clan présidentiel, avec notamment de dures critiques formulées par la procureure générale de la nation.

« On est avec la patrie ou on est contre elle »

Coiffé d’une casquette militaire, M. Maduro l’a remercié pour cette marque de confiance : « La loyauté se paie avec de la loyauté », a-t-il lancé face aux miliciens qui l’ovationnaient. Cette force civile armée, créée par M. Chavez en 2010, compterait 500 000 membres. Peu avant, le chef de l’Etat avait annoncé le déploiement de soldats dans tout le pays, en amont du rassemblement de mercredi – date anniversaire de la révolution de 1810 qui a conduit à l’indépendance du Venezuela.

L’opposition, majoritaire au Parlement et portée par le mécontentement populaire, a ainsi appelé, à cette date, à « la mère de toutes les manifestations » afin d’exiger des élections anticipées. Le gouvernement organisera le même jour à « la marche des marches », laissant craindre de nouvelles échauffourées. « Fini le temps des traîtres, des trahisons, fini le temps des hésitations, que chacun se définisse : on est avec la patrie ou on est contre elle », a lancé le président vénézuélien, lundi.

Appel de onze pays latino-américains

Onze pays latino-américains ont demandé, dans un communiqué commun, aux autorités de « garantir » le droit de manifester pacifiquement. Ils « réitèrent leur refus de la violence » et expriment leur « profonde tristesse » après la mort de cinq personnes lors des derniers rassemblements. La vague de protestations qui frappe le Venezuela avait été déclenchée le 1er avril par la décision du Tribunal suprême – réputé proche de Maduro – de s’arroger les pouvoirs du Parlement, déclenchant un tollé diplomatique qui l’a poussé à faire machine arrière 48 heures plus tard.

L’armée – 165 000 hommes et 25 000 réservistes – est un acteur crucial du rapport de force politique dans le pays, comme le reflète son poids au sein du gouvernement : sur 32 ministères, onze sont dirigés par des militaires ou d’anciens militaires. Elle contrôle la production et la distribution d’aliments de première nécessité, actuellement frappés par une grave pénurie, mais aussi une société pétrolière, une télévision, une banque, une usine d’assemblage automobile et une entreprise de construction.

La crise au Venezuela expliquée en quatre minutes
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