Marine Le Pen, le 17 avril 2017, à Paris. | LAURENCE GEAI POUR "LE MONDE"

A cinq jours du premier tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen et François Fillon précisent leurs discours sur l’immigration en tentant de se distinguer l’un de l’autre dans l’optique d’un éventuel second tour. Alors que la dirigeante du Front national (FN) a dénoncé « l’immigration massive », mardi 18 avril sur RTL, le candidat du parti Les Républicains (LR), tout en défendant les « valeurs » françaises, a déclaré que « ce n’[était] pas l’immigration qui mena[çait] nos racines ».

Marine Le Pen a rappelé sa volonté d’instaurer un moratoire sur « les visas longue durée » pendant « quelques semaines » pour « permettre de savoir où on en est ». Cette mesure, qui ne figurait pas dans ses 144 engagements présidentiels, a été annoncée lundi lors d’une réunion publique au Zénith de Paris, alors que les sondages montrent, la concernant, un tassement des intentions de vote qui la rend moins certaine d’accéder au second tour de la présidentielle.

« Il ne s’agit pas de faire un moratoire sur les visas touristiques » ni pour « les étudiants qui demanderont leur visa pour l’année suivante », a précisé Mme Le Pen, mais plutôt sur le regroupement familial qui, selon elle, a été « considérable ».

Dans un entretien écrit au site Internet « Loractu », Marine Le Pen a estimé que lorsque François Fillon était premier ministre de Nicolas Sarkozy (2007-2012), « malgré ses promesses de campagne, au pouvoir, il a laissé exploser l’immigration et a laissé au placard le Kärcher... » qu’avait promis d’utiliser symboliquement M. Sarkozy.

Pour Fillon, un moratoire « n’a aucun sens »

Francois Fillon, le 17 avril 2017, à Nice. | ERIC GAILLARD / REUTERS

A l’inverse, François Fillon a rejeté mardi sur Europe 1 toute idée de moratoire, prônant cependant une « régulation » de l’immigration :

« L’immigration doit être régulée car nous avons une situation économique, sociale, de logement qui ne permet pas d’accueillir autant de gens que ceux qui veulent venir chez nous. Un moratoire, ça n’a aucun sens. On doit accueillir les étudiants. Sans les médecins étrangers dans nos hôpitaux, ils ne fonctionneraient plus. »

M. Fillon se déclare favorable, « comme au Canada », à la mise en place d’un « quota maximum de personnes qu’on peut accueillir ».

« Ce qui nous menace, ce n’est pas l’immigration, c’est notre démission par rapport à nos valeurs et notre histoire. Si on est fier de notre identité, si on la défend, on intègre plus facilement les étrangers. »