Pourquoi les prisons françaises sont-elles à ce point surpeuplées ?
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L’Observatoire international des prisons et plusieurs associations d’avocats ont assigné l’Etat pour l’obliger à mettre en place un « plan d’urgence » au centre pénitentiaire de Fresnes, apprend-on mardi 18 avril. Les cellules de 9 m2 voient régulièrement cohabiter trois détenus, des rats et des punaises de lit, dénoncent-ils.

La requête en référé-liberté sera examinée en urgence vendredi matin par le tribunal administratif de Melun (Seine-et-Marne), a déclaré le greffe à l’Agence France-Presse, confirmant une information de France Inter.

Déjà saisi par l’OIP en octobre, ce même tribunal avait ordonné à l’Etat d’« intensifier » les actions de dératisation « dans les meilleurs délais », tout en reconnaissant que « la situation (était) en voie d’amélioration ». Or, estime l’OIP dans sa requête, « il apparaît que la présence d’animaux et insectes nuisibles demeure très importante ». L’association regrette également que la direction de l’établissement ne l’ait pas tenu informée des « actions engagées » pour respecter la décision de justice, malgré ses multiples courriers.

Une situation sanitaire désastreuse

Cette fois, le mémoire de l’OIP, en appui de la requête, enjoint à l’Etat de mettre en place un « plan d’urgence » global. L’organisation dénonce, pêle-mêle, la « surpopulation » (taux d’occupation de 193,1 % au 1er mars), « la situation sanitaire désastreuse », la « vétusté des locaux » et « un contexte de tensions et de violences particulièrement alarmant ». L’organisation signale également « la systématicité des fouilles à corps, le manque de personnel et l’absence d’activités ».

A l’appui de sa requête, l’OIP a compilé une nouvelle série de témoignages d’avocats marqués par « l’odeur nauséabonde » dans la prison et de détenus obligés de nettoyer chaque matin leur cellule « avec un mélange de javel, d’eau et de dentifrice » pour en chasser les nuisibles.

En décembre, le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) avait dénoncé les conditions « indignes » d’incarcération à la prison de Fresnes et « l’usage banalisé de la force et des violences » par les surveillants.

Cette action en justice s’inscrit dans un contexte de tensions dans les prisons d’Ile-de-France, qui enregistrent des taux d’occupations records. La semaine dernière, des surveillants ont bloqué l’entrée de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) en réaction à l’agression de six de leurs collègues, puis celle de Villepinte (Seine-Saint-Denis), où la surpopulation carcérale dépasse les 200 %.