Après les services, la construction est le deuxième secteur en termes de recrutements potentiels (24 %). | ERIC CABANIS / AFP

C’est une sorte de tableau impressionniste. Voilà déjà plusieurs mois que les indicateurs économiques brossent, les uns après les autres, le portrait d’une France en meilleure santé. L’enquête annuelle en besoins de main-d’œuvre des employeurs français pour 2017, menée par Pôle emploi et rendue publique mercredi 19 avril, est le dernier de ces coups de pinceau. Selon l’étude réalisée à la fin de 2016, les entreprises françaises envisagent de recruter 1,976 million de personnes cette année. Soit 150 000 projets d’embauches de plus qu’en 2016, une augmentation de 8,2 %.

« C’est la meilleure performance depuis 2002 », relève Stéphane Ducatez, responsable des statistiques de Pôle emploi. D’après l’organisme public, qui a mené cette étude auprès de 1,7 million d’entreprises, cette évolution « s’explique par la hausse du nombre d’établissements prévoyant d’embaucher : 22,4 % déclarent avoir l’intention de recruter en 2017 contre 20,5 % en 2016, soit 1,9 point de plus ».

Signe que la situation de l’Hexagone s’améliore par petites touches, 57,5 % de ces emplois potentiels sont considérés « durables », à savoir en CDI et en CDD de plus de six mois. Soit une augmentation de 1,2 point par rapport à 2016.

« Surcroît ou nouvelle activité »

Dans le détail, le nombre de contrats à durée indéterminée, le Graal pour les salariés français, car la seule véritable situation qui permet, par exemple, de louer un appartement ou de réaliser un crédit foncier, progresse de presque 3 points dans les intentions d’embauches. Il passe ainsi de 35,9 % en 2016 à 38,4 % en 2017. Des chiffres qui peuvent paraître dérisoires, mais qui comptent dans une économie à la croissance plus poussive (1,1 % en 2016) que celle du reste des pays de la zone euro (1,7 %).

« On observe une forte dynamique chez les petites et très petites entreprises »

La raison de ces recrutements potentiels est un autre bon signal. Dans deux tiers des cas, il s’agit, selon M. Ducatez, « d’un surcroît ou d’une nouvelle activité » – ponctuels ou durables. Le dernier tiers relève principalement du remplacement de salariés démissionnaires ou partis à la retraite. Pour autant, cela ne signifie pas que l’économie française pourrait créer près de deux millions d’emplois supplémentaires en 2017. Le chiffre rendu public par Pôle emploi concerne uniquement les intentions d’embauches, il ne s’agit pas du solde de tous les postes créés et détruits, comme le calcule l’Insee tous les ans (+ 182 700 pour 2016).

Dynamisme des services à la personne

« On observe une forte dynamique chez les petites et très petites entreprises, remarque M. Ducatez, particulièrement dans les structures comprenant un à quatre salariés. » Sans surprise, les services concentrent l’essentiel de cette demande en nouveaux bras. Deux tiers de ces embauches sont envisagées par les entreprises de ce secteur, pilier de l’économie tricolore. Dans le détail, la répartition se fait surtout en faveur des services à la personne avec 40 % des recrutements projetés. Une branche de plus en plus dynamique en raison du vieillissement de la population française.

Vient ensuite la construction, avec 24 % des recrutements potentiels. « La plus forte progression des intentions d’embauches est enregistrée dans ce secteur : + 22,5 % en 2017, représentant 104 000 projets, soit 19 000 supplémentaires. La reprise amorcée l’an dernier se confirme donc après plusieurs années difficiles », écrit Pôle emploi dans son étude.

« Déficit d’image »

Plus généralement, l’organisme note que les métiers en tension sont, d’année en année, les mêmes : ouvrier très spécialisé, aide à domicile, ingénieur informaticien, médecin… D’un point de vue géographique, la répartition suit, elle aussi, un schéma classique, avec une forte concentration des besoins d’emplois autour des métropoles et des zones touristiques.

Si les entreprises prévoient d’embaucher, bon nombre craignent de ne pas trouver chaussure à leur pied : 37,5 % d’entre elles anticipent des difficultés de recrutement, selon Pôle emploi. « Certains secteurs, comme l’industrie par exemple, peuvent souffrir d’un manque d’attractivité lié à un déficit d’image, explique Catherine Poux, responsable des relations de Pôle emploi avec les entreprises. Mais certaines entreprises sont aussi très petites, n’ont pas de service de ressources humaines et ont donc besoin de notre aide. »