Il avait livré illégalement des armes au régime de Charles Taylor entre 2000 et 2003, en violation de l’embargo décrété par les Nations unies. Le Néerlandais Guus Kouwenhoven, 74 ans, a été condamné, vendredi 21 avril, à dix-neuf ans de prison pour « trafic d’armes » et « complicité de crimes de guerre » en Guinée et au Liberia. Ce marchand de bois précieux est considéré comme un proche de l’ancien chef de guerre et ex-président libérien.

« Ses intérêts professionnels étaient étroitement liés aux intérêts politiques, financiers et privés [du régime de] Charles Taylor », a souligné la cour d’appel de Bois-le-Duc, au sud des Pays-Bas. L’accusé « utilisait les entreprises de bois précieux pour importer, entreposer et distribuer des armes au Liberia. » Des armes « utilisées par Taylor dans un conflit armé » contre « des citoyens sans défense ». L’ex-président libérien avait été condamné par la justice internationale en mai 2012 à cinquante ans de prison pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis durant le conflit en Sierra Leone voisine (1991-2001), verdict confirmé en appel en septembre 2013.

L’accusé aurait agi « par appât du gain »

Propriétaire des deux plus grosses compagnies forestières du Liberia, Guus Kouwenhoven était réputé très proche de Charles Taylor et bénéficiait, en échange du trafic d’armes, d’un traitement de faveur et de contrats lucratifs pour ses entreprises. Le septuagénaire, qui a toujours nié les faits, « ne semble pas avoir agi pour des motifs politiques ou idéologiques, mais par appât du gain », a observé la cour. « Il faut faire comprendre à des hommes d’affaires comme [lui], qui font du commerce avec des régimes comme celui de Charles Taylor, qu’ils peuvent ainsi se retrouver impliqués dans de graves crimes de guerre. »

Guus Kouwenhoven avait été condamné en juin 2006 à huis ans de prison, mais avait été acquitté en appel en mars 2008. En avril 2010, la Cour suprême des Pays-Bas avait annulé son acquittement, affirmant que les juges avaient insuffisamment motivé leur refus d’entendre deux nouveaux témoins anonymes sur requête de l’accusation. Le Néerlandais « est en état de subir la détention » malgré sa santé fragile, ont affirmé les juges sur la base d’un avis médical.