LA LISTE DE NOS ENVIES

Au menu de ce week-end : le duo hip-hop Wang Ramirez à La Villette ; une belle Mouette à Saint-Denis ; un lèche-vitrines avec marionnettes dans les rues de Paris ; les joyaux des cours indiennes au Grand Palais ; le festival Do Disturb au Palais de Tokyo ; la Commune de Paris en musique au Musée de l’armée ; un marathon des conteurs au Théâtre 13.

DANSE. Wang Ramirez envoie le hip-hop au septième ciel, à La Villette

Ça plane pour eux. Ça décolle même. Dans la vie et sur scène. En six ans et six spectacles, les danseurs et chorégraphes hip-hop Honji Wang et Sébastien Ramirez, tous les deux âgés de 35 ans, ont pris place dans une fusée.

Invités par Madonna sur le show de la tournée Rebel Heart Tour 2015-2016, à l’affiche des plateaux les plus prestigieux, du Sadler’s Wells, à Londres, à l’Apollo Theater, à New York, en passant par le Théâtre de la Ville, à Paris, ils présentent une nouvelle pièce, Everyness, dans laquelle six interprètes sont accrochés à des câbles élastiques histoire d’envoyer le hip-hop au septième ciel une bonne fois pour toutes.

Elle est née à Francfort (Allemagne) de parents coréens ; lui, danseur autodidacte converti au hip-hop à 13 ans, possède l’accent de Perpignan et des origines espagnoles. Fulgurants virtuoses, les Wang Ramirez, ont également collaboré avec la star flamenca Rocio Molina et avec le chorégraphe contemporain Akram Khan. Everyness fait souffler l’esprit de la rébellion et de l’évasion en faisant voltiger les interprètes. Le cirque au secours du hip-hop pour inverser les lois de la pesanteur ? Rosita Boisseau

« Everyness », Théâtre de la Ville à la Grande Halle du Parc de La Villette, Paris 19e. Jusqu’au 22 avril, à 20 heures. Tél. : 01-40-03-75-75. De 12 € à 32 €.

THÉÂTRE. Les confidences d’une belle « Mouette », à Saint-Denis

C’est une Mouette comme vous ne l’avez jamais vue. Cinq femmes arrivent sur la scène en tenues de ville, et se placent face au public. Elles semblent sorties de la nuit pour venir raconter une histoire, ce qu’elles font.

Car ces cinq femmes ne jouent pas la pièce d’Anton Tchekhov. Elles la font entendre, en endossant tous les rôles. Tout le texte n’est pas dit, loin de là, mais les comédiennes restituent ce qui l’anime, en se passant la parole comme on se passe un relais. Toujours soudées, toujours en ligne, sauf à quelques moments de rupture. Il y a beaucoup de subtilité dans leur approche, qui transforme les spectateurs en confidents.

Cette Mouette, adaptée et mise en scène par Isabelle Lafon, a été créée en 2012. Elle est reprise, avec quelques changements de distribution. C’est un beau spectacle, à part, qui nous fait entendre le souffle infini de l’existence : vivre, même peu, même mal, comme Nina rêvant d’être actrice, comme tous les personnages de Tchekhov. Brigitte Salino

« Une mouette », d’après « La Mouette », de Tchekhov. Théâtre Gérard-Philipe, 59, boulevard Jules-Guesde, Saint-Denis. M: Saint-Denis-Basilique. Samedi 22 avril à 20 h 30 et dimanche 23 à 16 heures. Tél. : 01-48-13-70-00. De 6 € à 23 €. Durée : 1 heure.

MARIONNETTES. Un lèche-vitrines animé dans les rues de Paris

Le spectacle « Vue » par la compagnie Plexus Polaire. | © ELISABETH BERTHELOT

En guise de préambule à la 9e Biennale internationale des arts de la marionnette, qui se déroulera du 9 mai au 2 juin à Paris, à Pantin et dans dix autres communes d’Île-de-France, Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette (Paris 5e), la coopérative De Rue et De Cirque (2R2C) et la Maison des métallos (Paris 11e) organisent, les vendredi 21 et samedi 22 avril, une insolite animation de rues dans les 5e et 11e arrondissements parisiens.

Au menu de cette programmation intitulée « Troublantes apparences », quatre spectacles courts (une quinzaine de minutes chacun) conçus pour être joués dans les vitrines des commerçants d’un quartier, chacun d’eux pouvant être vu seul ou dans le cadre d’un parcours d’une heure environ.

La compagnie Akselere (avec Colette Garrigan) propose une manipulation d’objets autour du personnage shakespearien de Lady Macbeth, Le Ballet des mains rouges. Le spectacle de la compagnie Agitez le Bestiaire (et Gwenaël Le Boulluec), Naïades, construit peu à peu un tableau d’empreintes à la frontière entre peinture et théâtre de marionnettes.

Alice Laloy et la compagnie S’appelle reviens explorent la question du temps à travers Tempo, une « pièce en neuf mouvements fixes pour une machinerie aléatoire », reposant sur un dialogue entre matières et acteurs. Enfin, la compagnie Plexus Polaire (et sa directrice artistique Yngvild Aspeli) met en scène une aventure inquiétante autour d’une vieille femme qui se sent observée dans son petit appartement, Vue. Une façon originale d’inscrire la création artistique dans le quotidien de la ville et de ses habitants. Cristina Marino

« Troublantes apparences », un lèche-vitrines marionnettique dans les 5e et 11e arrondissements de Paris, les vendredi 21 et samedi 22 avril. Tél. : 01-84-79-44-44. Evénement gratuit.

EXPOSITION. Les joyaux des cours indiennes sont à Paris

Vue de l’exposition « Des Grands Moghols aux maharajahs, joyaux de la collection Al-Thani » au Grand Palais à Paris, jusqu’au 5 juin 2017. | RMN-GRAND PALAIS/PHOTO DIDIER PLOWY

Décor des Mille et Une Nuits au Grand Palais pour présenter les rivières de diamants, d’émeraudes, de perles et de pierres précieuses dont raffolaient en Inde les empereurs moghols comme les maharajahs. L’extravagance des parures portées par les deux sexes en sautoirs, bagues, bracelets, pendentifs ou encore piquées sur les turbans, composant les diadèmes, ou les ceintures, le dispute au raffinement et à l’inventivité des créations dont les orfèvres du sous-continent étaient des virtuoses.

Cette plongée dans le décorum indien aux XVI-XXe siècles rappelle que le bijou était un talisman, une protection autant qu’un signe de pouvoir. L’émeraude servait d’antidote au poison et son éclat aveuglait le serpent. Le rubis éloignait les maladies comme l’infortune.

Les plus gros diamants provenaient des fameuses mines de Golconde, proches d’Hyderabad dont le nizam était un des plus riches d’Inde. Aujourd’hui encore, les perles font la réputation de la ville du centre de l’Inde ; 270 pièces sont exposées, provenant pour la plupart de la collection personnelle de Cheikh Hamad Ben Abdallah Al-Thani, cousin de l’émir du Qatar. L’émeraude gravée du Shah Jahan, empereur moghol commanditaire du Taj Mahal, mausolée incrusté de pierres précieuses, qui ouvre l’exposition annonce la qualité des œuvres présentées. Florence Evin

« Des Grands Moghols aux maharajahs, joyaux de la collection Al-Thani », jusqu’au 5 juin, Grand Palais, square Jean Perrin, Paris 8e. De 10 heures à 20 heures, mercredi jusqu’à 22 heures. De 9 à 13 €.

PERFORMANCE. Do Disturb revient bousculer le Palais de Tokyo, à Paris

PALAIS DE TOKYO

A 18 heures, ce vendredi, le festival Do Disturb, qui s’est imposé comme un réjouissant rendez-vous à la croisée des disciplines, prendra possession jusqu’à dimanche des quatre étages du Palais de Tokyo. Des découvertes, de l’exigence, un grain de folie et une mise en perspective de la création actuelle en matière de performance : telle est la patte de ce programme pirate du Palais de Tokyo impulsé par sa commissaire, Vittoria Matterese.

Après une première édition proposant une sélection d’artistes soutenus par le Palais et ses alter ego internationaux, puis une seconde réalisée en partenariat avec de grandes écoles d’art européennes faisant éclore des formes nouvelles en termes de performance, pour cette 3e édition, la prospection s’est faite du côté des grands festivals du genre : TBA à Portland, DDD à Porto, Santarcangelo en Italie, Actoral à Marseille et Camping-CND en France.

Qu’attendre de cette nouvelle mouture au programme intensif et immersif ? Se perdre dans un hammam méditatif empli de vapeur froide et de sons, une manif féministe, de la poésie déclamée en dansant, un autoportrait acrobatique, des graffitis pour visage, des pigeons faisant du photobombing, ou encore une nuit de clubbing avec une carte blanche donnée à Nuits sonores. Emmanuelle Jardonnet

Do Disturb, 3e édition, du 21 au 23 avril. Palais de Tokyo, Paris 16e. Tél. : 01-81-97-35-88.

MUSIQUE ET HISTOIRE. La Commune de Paris en musique au Musée de l’armée, à Paris

Arnaud Marzorati, baryton et directeur artistique de La Cliques des Lunaisiens. | © CLÉMENCE DUBOIS/MUSÉE DE L’ARMÉE

Vous ne connaissez pas encore La Clique des Lunaisiens ? Ce bouillonnant collectif de musiciens classiques s’est fait vocation de proposer au public une vaste immersion dans le domaine de la chanson populaire.

C’est au Musée de l’armée qu’ils officieront pour faire revivre en musique la Commune de Paris, une période exaltante de notre histoire que n’évoquent jamais les manuels scolaires. Avec la complicité de la soprano Isabelle Druet, les Lunaisiens – orgue de barbarie et piano, flageolet, basson et violoncelle – reprendront la chanson de Burani et Louis, Le Sire de Fisch Ton Kan, fustigeant l’incompétence de Napoléon III et de son état-major, reprise, sous la Commune, par tous les insurgés parisiens. Egalement au programme, le fameux Temps des cerises, de Clément et Renard. Marie-Aude Roux

Musée de l’armée, salle Turenne, Paris 7e. Le vendredi 21 avril à 20 heures. Tél. : 01-44-42-54-66. De 8 à 15 €.

ARTS DU RÉCIT. Le Théâtre 13 accueille un marathon des conteurs, à Paris

Frédéric Naud et Jeanne Videau dans « La Méningite des poireaux ». | © SÉBASTIEN BOUHANA

Le Théâtre 13, côté Jardin, qui a réouvert ses portes fin février après plus de deux années de travaux, s’associe, pour la quatrième année, à la Maison du conte de Chevilly-Larue afin d’organiser un événement entièrement consacré aux artistes de la parole et aux histoires qu’ils racontent.

Intitulée « Conteurs au 13 », cette programmation inédite propose, les vendredi 21 et samedi 22 avril, neuf spectacles et une création de clôture, « Bouillon de minuit », réunissant tous les conteurs et conteuses présents dans la journée. Le marathon débutera dès le vendredi soir, à partir de 19 heures, avec deux spectacles, Kaputt, de Fred Pougeard et La Méningite des poireaux, de Frédéric Naud et Jeanne Videau, réunis sous la thématique « Histoires de fous ».

Il se poursuivra le samedi, dès 11 heures et jusqu’au bout de la nuit, avec « La Folle Journée des histoires pour les grands et les petits ». Au menu, sept spectacles pour tous les goûts : Les Souliers mouillés, de Sabrina Chézeau ; Dormeuse, d’Olivier Villanove avec Emma Carpe ; Closing Town, de Christèle Pimenta avec Arthur Maréchal ; Cité Babel, de Rachid Bouali ; Histoires vraies, de Gérard Potier ; La place Tahrir, de Jihad Darwiche avec Henry Torgue ; Histoires aléatoires, de Pépito Matéo avec Gaëlle-Sara Branthomme.

Et pour finir en beauté, tous ces artistes se retrouveront sur scène pour un florilège de récits. Le public pourra venir en famille, en particulier pour les spectacles du samedi matin, et, à sa guise, soit picorer dans le menu en n’assistant qu’à certaines représentations, soit faire la totale pour le plus grand bonheur des oreilles. C. Mo.

« Conteurs au 13 », Théâtre 13 Jardin, 103A, boulevard Auguste-Blanqui, Paris 13e. Le vendredi 21, de 19 heures à 22 heures, et le samedi 22 avril, de 11 heures à 00 h 30. Tél. : 01-45-88-62-22. Plusieurs tarifs en fonction du nombre de spectacles.