Courtiers à la City, à Londres. | BEN STANSALL / AFP

Jamais une élection présidentielle française n’avait autant mobilisé les parieurs britanniques. Ceux-ci sont en passe d’avoir misé un total d’1 million de livres sterling (1,2 million d’euros) sur le scrutin, selon la société William Hill, l’un des principaux bookmakers du Royaume-Uni. « C’est sans précédent, explique Graham Sharpe, son directeur de la communication. D’habitude, les élections françaises ne recueillent presque aucun pari. »

L’explication vient essentiellement de la fascination qu’exerce une possible victoire de Marine Le Pen. « C’est sur cette éventualité qu’on reçoit le plus de paris », explique M. Sharpe. Ce scénario attire aussi les plus grosses mises : un parieur a été jusqu’à placer 30 000 livres (35 000 euros) sur le succès de la présidente du Front national.

Les bookmakers ne veulent donc surtout pas de ce résultat. Financièrement, ils auraient trop à perdre. « Ce serait le pire scénario pour nous », reconnaît M. Sharpe.

Le soudain intérêt des parieurs britanniques pour l’élection française s’explique aussi par les sondages très serrés. Avec quatre candidats bien placés pour le second tour, les jeux sont très ouverts. De plus, les paris sur la politique se développent depuis quelques années, que ce soit lors du référendum pour l’indépendance de l’Ecosse, l’élection présidentielle américaine et même – un peu – les récentes élections législatives aux Pays-Bas. Les montants concernés demeurent cependant très faibles par rapport aux milliards brassés par les courses de chevaux ou le football.

Quant à la cote des candidats, elle suit à peu près les sondages. Au bookmaker Paddy Power, Marine Le Pen est à 7 contre 2 (un pari de deux euros en rapporterait sept, plus la mise de départ). Cela correspond à une probabilité de victoire de 22 %. François Fillon est exactement au même niveau. Emmanuel Macron reste de loin le favori, à 8 contre 11 (probabilité de 58 %). Quant à la récente percée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages, elle est probablement arrivée un peu trop tard pour les parieurs britanniques : sa cote de 14 contre 1 ne lui donne que 7 % de chance de victoire.

Les « bookies » n’ont cependant guère de pouvoir de prédiction. Ils avaient prévu que les Britanniques voteraient pour rester dans l’Union européenne et que Donald Trump ne serait pas élu.