Manifestation contre le congrès du parti d’extrême droite AfD, samedi à Cologne (Allemagne). | THILO SCHMUELGEN / REUTERS

Des milliers de manifestants ont tenté samedi 22 avril de perturber la tenue du congrès des populistes allemands du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Accompagnés par les sifflets et les chants de protestataires, les 600 délégués de la formation populiste ont rejoint sous une très haute protection policière un hôtel du centre de Cologne où leur congrès se tient jusqu’à dimanche.

Des manifestants ont essayé de leur bloquer le passage, ce qui a conduit à des échauffourées avec les forces de l’ordre. Un policier qui escortait des membres du parti a été légèrement blessé au visage et un homme arrêté dans la foulée. En tout, 50 000 manifestants, encadrés par 4 000 officiers de police, sont attendus ce week-end.

Le correspondant du Monde en Allemagne, Thomas Wieder, assiste au congrès de l’AfD :

Luttes internes

A cinq mois des élections législatives allemandes, cette réunion de l’AfD est censée résorber les luttes internes entre les « réalistes » du parti voulant rompre avec les discours réputés d’extrême droite, et les tenants d’une ligne plus dure, habitués aux dérapages verbaux, notamment racistes.

Ces hostilités internes nourrissent la baisse de popularité de ce parti qui se revendique anti-islam, eurosceptique et porteuse des valeurs familiales traditionnelles. Il avait pourtant connu un essor fulgurant lors de la crise migratoire de 2015-2016, lorsque la chancelière Angela Merkel avait ouvert son pays à plus d’un million de demandeurs d’asile.

Frauke Petry, leader de l’AfD, lors du congrès du parti samedi 22 avril à Cologne (Allemagne). | WOLFGANG RATTAY / REUTERS

Frauke Petry contestée

Dernier coup de théâtre en date, la codirigeante de l’Alternative pour l’Allemagne et chef de file des « réalistes », Frauke Petry, a annoncé mercredi ne pas vouloir être tête de liste aux élections, plongeant le parti dans l’embarras faute d’un autre candidat. Cette femme de 41 ans, inspirée par la Française Marine Le Pen, veut élargir son électorat dans un pays encore marqué par son passé nazi. Mais les tenants d’une ligne plus dure sont majoritaires parmi les militants de l’AfD, notamment dans les bastions de l’Est.

Son principal adversaire, Alexander Gauland, 76 ans, a ainsi vivement critiqué Mme Petry, lui intimant de retirer sa motion. Ce dernier refuse d’exclure les cadres du parti ayant tenu des propos controversés sur le nazisme.

Il y a peu encore, le parti volait de succès en succès, parvenant à intégrer 11 des 16 assemblées régionales allemandes. Des sondages lui donnaient alors jusqu’à 15 % des voix. Mais, entre crise interne et baisse du flux migratoire, la formation a enregistré un net repli depuis janvier (7 à 11 % selon les études).