Des sympathisants du parti parodique du « Chien à deux queues » lors de la manifestation anti-Orban samedi 22 avril, à Budapest. | Balazs Mohai / AP

A quelques jours de l’adoption programmée d’une nouvelle législation anti-ONG, des milliers de manifestants ont pris part, samedi 22 avril à Budapest, à une manifestation destinée à tourner en dérision les politiques autoritaires du premier ministre hongrois Viktor Orban. Brandissant des affiches humoristiques, les manifestants ont scandé « Encore plus de démagogie ! A bas la presse ! A bas l’éducation ! » et réclamé la construction d’une liaison de train directe avec Moscou et la Corée du Nord.

Qualifié de « manifestation la plus drôle de la Hongrie » par des médias hongrois, le défilé, organisé par le parti parodique du « Chien à deux queues » (MKKP), a rassemblé de 2 000 à 3 000 personnes dans le centre-ville de la capitale hongroise, selon les différentes estimations.

Le président du MKKP, Gergely Kovacs, a solennellement – et ironiquement – annoncé qu’« au moins 30 millions » de personnes participaient au rassemblement. Visant M. Orban, accusé de cultiver des liens étroits avec Moscou, il l’a félicité d’avoir « refusé l’introduction de l’euro », tout en déplorant de « ne pas encore pouvoir payer avec le rouble » russe.

Vaste mouvement de protestation

Régulièrement critiqué pour ses liens avec le président russe Vladimir Poutine, ses propos xénophobes et ses attaques contre la presse et la société civile, M. Orban fait face depuis début avril à un vaste mouvement de protestation, provoqué par l’adoption d’une loi restreignant les conditions d’exercice des institutions étrangères d’enseignement.

Ratifiée par le président Janos Ader, dont les manifestants ont raillé la moustache, cette loi pourrait entraîner la fermeture de l’Université d’Europe centrale (CEU) fondée à Budapest par le milliardaire américain George Soros, une bête noire de M. Orban.

Le gouvernement souhaite par ailleurs faire voter d’ici à la fin du mois une loi renforçant le contrôle sur les ONG bénéficiant de financements provenant de l’étranger, notamment celles soutenues par M. Soros.

Mercredi, un groupe de sénateurs américains, dont l’ancien candidat à la présidence John McCain, a adressé une lettre à M. Orban lui demandant de renoncer à ce projet de loi. La situation politique en Hongrie doit par ailleurs faire l’objet d’un débat au Parlement européen mercredi, avant une rencontre entre le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et M. Soros à Bruxelles jeudi.