Ils ont dû revoir leur plan. La plupart des principaux candidats à la présidentielle ont modifié le programme de leur dernière journée de campagne, vendredi 21 avril, après l’attentat qui a coûté la vie à un policier jeudi soir à Paris. François Fillon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont tous trois annulé leurs ultimes déplacements, tout en saisissant l’occasion pour défendre leur projet en matière de sécurité.

Dès jeudi soir, sur France 2, le candidat de la droite a demandé l’interruption de la campagne. Il a annulé son dernier déplacement avant le scrutin, qui était initialement prévu à Chamonix (Haute-Savoie), et demandé à ses partisans de ne plus distribuer de tracts. Cela ne l’a pas empêché de tenir une conférence de presse vendredi vers 11 heures à son siège de campagne, pour réaffirmer sa volonté de combattre le terrorisme « d’une main de fer ». Au passage, il a assumé ses déclarations erronées selon lesquelles « d’autres attaques » auraient « eu lieu » la veille à Paris, en dehors de celle des Champs-Elysées. Avant que la Préfecture de police démente.

Malgré son ton martial, Emmanuel Macron a semblé tergiverser. Après avoir laissé entendre jeudi soir qu’il maintenait ses meetings de Rouen et d’Arras, prévus vendredi, son entourage les a finalement annulés dans la nuit. De même, M. Macron a mis en garde contre toute « instrumentalisation » de l’attaque des Champs-Elysées mais a lui-même diffusé sur Twitter une vidéo où on le voit saluer les policiers de garde à son QG. Pour autant, il a tenté de rassurer les électeurs sur sa capacité à endosser les habits de chef de guerre. « La première mission d’un président, c’est de protéger », a-t-il répété toute la journée comme un mantra, assurant être « prêt » à affronter la menace terroriste.

Comme ses principaux adversaires, Marine Le Pen a renoncé à honorer ses derniers événements de campagne. La présidente du FN devait visiter un refuge pour animaux à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). En lieu et place, la candidate a livré une courte allocution à son siège de campagne, peu après 10 heures, sans répondre aux questions des journalistes. Elle a adopté une posture volontiers martiale, estimant que « tout le territoire est exposé » à une « guerre asymétrique ».

Benoît Hamon, de son côté, a adopté une position médiane : jeudi soir, il a d’abord jugé inutile de modifier son agenda de campagne, au motif que « ce serait une grave erreur de tomber dans la peur et de mettre entre parenthèses le débat démocratique », après l’attaque terroriste. Vendredi, il a néanmoins annulé un déplacement prévu le matin à Evry, à la faculté des métiers de l’Essonne. En revanche, il a maintenu en fin de journée son discours à Carmaux, dans le Tarn, sur les terres de Jaurès.

Parmi les « gros » candidats, seul Jean-Luc Mélenchon n’a rien modifié à son agenda initial. Dès jeudi soir, sur France 2, le candidat de La France insoumise a appelé à ne « pas interrompre le processus de notre démocratie de manière à bien démontrer que les violents n’auront pas le dernier mot contre les républicains ». Comme prévu, il s’est exprimé dans une vidéo diffusée en direct depuis son QG, avant de se rendre, en compagnie du chef de file espagnol de Podemos Pablo Iglesias, à l’un des « apéros insoumis » parisiens organisés par ses partisans.