Après avoir infligé un camouflet à leur figure de proue, Frauke Petry, les populistes allemands de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) réunis en congrès depuis samedi à Cologne, ont désigné dimanche 23 avril deux dirigeants, Alexander Gauland et Alice Weidel, pour porter leur projet anti-islam et immigration jusqu’aux législatives de septembre.

Le journaliste du Monde, Thomas Wieder, était présent au congrès :

Défaite cuisante pour Frauke Petry

La guerre des chefs qui mine depuis des mois l’Alternative pour l’Allemagne a culminé samedi avec la défaite cuisante de la coprésidente du parti Frauke Petry, les délégués ayant refusé d’examiner sa motion destinée à empêcher une dérive vers l’extrême droite.

Avant même le congrès, Mme Petry, 41 ans et enceinte de son cinquième enfant, avait indiqué qu’elle ne serait pas à la tête de la bataille électorale, mais désormais elle devrait rester complètement en retrait sans pour autant renoncer à la coprésidence du parti.

Les durs de la formation, dont certains ont été accusés de racisme et de polémiquer sur le nazisme, se trouvaient en position de force au moment d’élire l’équipe qui fera campagne contre les conservateurs (CDU) de la chancelière Angela Merkel, qui vise un quatrième mandat, et les sociaux-démocrates.

C’est finalement un duo composé d’Alexander Gauland, 76 ans, farouche adversaire de Mme Petry, et d’Alice Weidel, une économiste libérale de 38 ans, homosexuelle assumée, peu connue du grand public qui a été désigné par les 600 délégués réunis à Cologne.

Deux policiers blessés dans une manifestation anti-AfD

Capitalisant sur les craintes liées à l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015-2016, l’AfD avait connu une envolée dans les sondages, atteignant 15 % des intentions de vote, un niveau sans précédent pour un parti de ce type dans l’Allemagne d’après-guerre. Mais entre les crises internes, la baisse du flux migratoire et les polémiques sur le racisme et le nazisme, la formation a enregistré un repli depuis janvier (7 à 11 % selon les études). Son objectif d’un résultat à deux chiffres et de devenir le troisième parti du pays est donc loin d’être acquis.

Pour se refaire, l’AfD, fondé il y a quatre ans comme un mouvement anti-euro, compte faire de l’immigration et de l’islam son leitmotiv. Son programme électoral déclare l’islam incompatible avec l’Allemagne, promet la fermeture des frontières et un durcissement du droit d’asile.

La première journée du congrès samedi avait été marquée par d’importantes manifestations anti-AfD dans Cologne en présence de 4 000 policiers. Deux policiers avaient été légèrement blessés dans des échauffourées avec des manifestants qui tentaient d’empêcher les délégués de rejoindre leur congrès.