Christophe Alévêque sur la scène du Palais des glaces à Paris, dimanche 23 avril

« Je suis très en colère contre la gauche qui n’a pas été capable de se rassembler. On a assisté à un concours de ‘bites’. Pour éviter cela, il aurait fallu, à la place de ces deux hommes, une femme » : il est 20 h 02 dans le théâtre du Palais des glaces à Paris. Christophe Alévêque vient de tenir une heure trente de « stand-up meeting » dont il a le secret et, face aux résultats, l’humoriste, qui avait milité pour une candidature de Christiane Taubira, ne mâche pas ses mots.

Il en veut aux deux candidats de la gauche : Hamon et son côté « Forrest Gump » qui n’en est jamais revenu de sa victoire à la primaire ; Jean-Luc Mélenchon et « son syndrome Gilles de La Tourette à l’intérieur : si tu lui dis rassemblement, il dit ‘ta gueule’».

Avant que le verdict du premier tour ne tombe, Christophe Alévêque avait débuté, à 18 h 30, devant une salle pleine, son spectacle « spéciale présidentielle », invitant son public « à se sentir moins seul et à ne pas se morfondre devant son poste de télévision ». Sur le grand écran en fond de scène, ce sont les images des tout premiers résultats du 22 avril 2012 qui ouvre la séance : Hollande, 28,6 %, Sarkozy, 27 %, Marine Le Pen 19 %, Jean-Luc Mélenchon, 10,8.

« Ça ira mieux demain »

« C’était il y a cinq, on était jeune, on y croyait, on y a cru, et… voilà. Ce soir, c’est pour s’entraider, c’est notre dernière heure de bonheur », balance l’humoriste. A chaque fois que la déprime menace, son acolyte Francky arrive avec sa guitare pour que la salle reprenne en chœur : « ça ira mieux demain, ça ira mieux demain, comme tout finira bien, il faut profiter du jour qui vient ». Le public chantonne volontiers et s’amuse à crier des « Christophe, président ! Christophe, président ! », visiblement heureux de « décompresser » en attendant les résultats.

Devant son pupitre, Christophe Alévêque remonte le fil de cette campagne électorale « à la fois passionnante et pathétique » qui a entraîné une grande partie des électeurs à, dit-il, « jouer au Quinté + dans l’isoloir ». Comment en est-on arrivé là ? « A cause de deux grosses déceptions : 2007-2012 pour la droite, 2012-2017 pour la gauche. Avec Bob l’éponge on ne s’attendait à rien, mais on arrive quand même à être déçu ». Désormais, constate-il, « nos rêves ne tiennent plus dans leurs urnes ».

L’humoriste engagé fustige « la connerie des primaires » qui a mené la droite à « se tromper de candidat » et la gauche au désastre. « Il n’y avait pas assez de militants pour ouvrir 800 bureaux de vote, c’était mal barré dès le départ ». Quant aux électeurs de gauche qui sont allés voter à la primaire de droite, le concept le dépasse : « vous avez donné 1, 5 million d’euros aux Républicains et finalement ave Fillon, vous avez eu pire que Sarko ».

Macron, un sujet un or

Désespéré par « l’hypocondrie médiatique » et sa « dictature de l’instant qui empêche de rêver sa vie », Christophe Alévêque se prend à imaginer une campagne électorale sans sondage pour éviter que ces pourcentages « nuisent gravement à la santé psychique du pays ». Heureusement que les petits candidats ont fini par arriver dans le débat : « ils n’en avaient rien à péter, c’était la fête du slip », résume-t-il en avouant qu’il a pris son « kiff » avec le berger Jean Lassalle.

Régulièrement, Christophe Alévêque fait allumer la salle pour demander au public « qui s’est décidé au dernier moment dans l’isoloir ? » ou « qui est allé voter à la primaire de la droite ? ». Les mains se lèvent timidement, comme honteuses. Si le « concept » Macron l’emporte, il prévient qu’avec « maman Brigitte », ce couple sera un sujet en or pour l’humoriste qu’il est.

Lorsque l’écran s’allume à nouveau pour l’annonce des résultats, la salle applaudit à l’élimination de Fillon et rit à l’absence d’ambiance au QG de Benoît Hamon. On ne saura pas pour qui Christophe Alévêque a voté.