Xavier Jugelé avait notamment participé à des missions au profit de Frontex, l’Agence de surveillance des frontières européennes, en Grèce pour gérer l’afflux de migrants. | FAMILY HANDOUT / AFP

Le registre de condoléances, ouvert vendredi 21 avril, sur le site Internet de la préfecture de police a déjà reçu des milliers de messages. Xavier Jugelé, 37 ans, abattu jeudi soir sur les Champs-Elysées, était un policier apprécié. Une « belle personne », selon ses proches. Un hommage national lui sera rendu mardi.

« Jamais je n’oublierai la belle personne que tu étais », a écrit un de ses amis sur un message déposé avec une photo tout près de l’endroit où il a été tué de deux balles dans la tête. Lorsque l’assaillant, Karim Cheurfi, a tiré sur le car de police garé le long de l’avenue, Xavier Jugelé était au volant. Dans la foulée, l’attaque a été revendiquée par l’organisation djihadiste Etat islamique (EI).

Le policier, membre du syndicat Alliance, effectuait ses derniers jours au sein de la 32e compagnie de sécurisation de la direction de l’ordre public et de circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris. Il devait reprendre deux semaines plus tard un poste à la coopération technique internationale de police (Scopol) au sein de la police judiciaire.

« Nous sommes évidemment bouleversés. C’était un garçon volontaire, dynamique, enthousiaste, proche des gens », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Michaël Bucheron, président de Flag !, l’association des policiers lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT), dont Xavier Jugelé étant adhérant.

« Défendre nos valeurs »

Le policier avait notamment participé à des missions au profit de Frontex, l’Agence de surveillance des frontières européennes, en Grèce pour gérer l’afflux de migrants. Comme nombre de ses collègues, il avait aussi été appelé le soir du 13 novembre 2015 à l’extérieur du Bataclan, juste après l’attaque djihadiste. 

Lorsque la salle de spectacle a rouvert, un an plus tard, avec un concert du chanteur anglais Sting, il était parmi les spectateurs. Des journalistes britanniques de la BBC et du magazine People l’avaient alors interviewé, heureux de trouver un Français « parlant un excellent anglais ».

« Au Bataclan cinq mois plus tôt, quand je l’ai rencontré, il se détendait avec un verre. Maintenant, il est mort, tué dans la camionnette de police où il était assis avec ses collègues », a réagi samedi le journaliste de la BBC Nick Garnett après avoir eu du mal à reconnaître le jeune homme vêtu d’un uniforme. « Je veux célébrer la vie et dire “non” au terrorisme », lui avait lancé, ce soir-là, Xavier Jugelé.

Le policier était un habitué de la salle de spectacle avant les attentats et se disait « heureux que le Bataclan ait rouvert ». « C’est symbolique , avait-il expliqué. Nous sommes ici ce soir en tant que témoins. Nous sommes ici pour défendre nos valeurs. »

Un hommage national, présidé par François Hollande, sera rendu mardi 25 avril à 11 heures à la préfecture de police de Paris. Des syndicats de police ont appelé à un autre rassemblement, organisé à la même heure sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame, juste en face de la préfecture, en hommage à leur collègue assassiné.

Du côté de l’enquête, la justice cherche toujours à retracer l’origine des armes utilisées par le tueur Karim Cheurfi. Le Français de 39 ans avait un lourd passé judiciaire, avec notamment une condamnation pour tentatives de meurtres sur des policiers. Mais il n’était pas fiché « S ».