Un immense soulagement. Telle est l’impression qui dominait, à Berlin, dimanche 23 avril, au soir des résultats du premier tour de l’élection présidentielle française. L’Allemagne, qui a suivi de très près la campagne, n’espérait au fond qu’une seule chose : que Marine Le Pen n’affronte pas, au second tour, Jean-Luc Mélenchon. Autrement dit que le duel final n’oppose pas deux candidats vus l’un et l’autre comme deux adversaires résolus de l’Allemagne en particulier et de l’Union européenne en général. Le score obtenu par Emmanuel Macron, arrivé en tête du premier tour avec de bonnes chances de l’emporter au second, a été accueilli, en Allemagne, avec une joie non dissimulée.

La chancelière, Angela Merkel – qui avait reçu M. Macron, comme Benoît Hamon et François Fillon –, ne s’est pas exprimée dimanche. Mais son porte-parole a pris position : « Il est bon qu’Emmanuel Macron réussisse avec son projet d’une Union européenne et d’une économie sociale de marché fortes. Que tout se passe bien pour les deux prochaines semaines », a ainsi tweeté Steffen Seibert.

Au sein de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti de Mme Merkel, d’autres n’ont pas hésité à soutenir M. Macron. « Le Pen est plus bas que ce qui était attendu. La fière nation qu’est la France ne doit pas être gouvernée par une menteuse », s’est ainsi félicité Manfred Weber, président du groupe du Parti populaire européen au Parlement de Strasbourg, sur Twitter, dimanche soir.

Un « formidable président »

A gauche, Martin Schulz, le président du Parti social-démocrate (SPD), a ainsi clairement affiché son souhait de voir Marine Le Pen battue le 7 mai : « Je félicite Emmanuel Macron. Maintenant, il faut que tous les démocrates en France s’unissent pour que la nationaliste ne devienne pas présidente », a déclaré l’ancien président du Parlement européen, dimanche soir, sur son compte Twitter.

Ce soutien n’est pas une surprise. Certes, avant le premier tour, M. Schulz avait déclaré qu’il souhaitait la victoire de Benoît Hamon, qu’il avait reçu, le 28 mars, au siège du SPD, à Berlin. Mais, au-delà de ce qui les sépare idéologiquement, ce n’est un mystère pour personne que les relations entre M. Schulz et Mme Le Pen sont exécrables. La présidente du FN estime en effet que ce dernier est directement impliqué dans les poursuites qui la visent au sujet des emplois présumés fictifs de certains de ses proches au Parlement européen. Dimanche soir, Sigmar Gabriel, le ministre des affaires étrangères allemand, qui présidait le SPD il y a encore un mois, a lui aussi déclaré que M. Macron ferait, selon lui, un « formidable président ».