Le secrétaire américain à la défense, Jim Mattis, s’est rendu, dimanche 23 avril, à Djibouti, où il a notamment souhaité que la France continue à mener le combat contre les réseaux extrémistes au Sahel. Les Français « ont toujours prouvé qu’ils étaient là quand il fallait faire face » aux réseaux extrémistes, a déclaré M. Mattis lors d’un point presse sur la seule base militaire américaine du continent africain.

« Je n’ai pas de doute que les Français continueront de prendre les meilleures décisions pour leur propre intérêt, et que les terroristes n’auront pas à se réjouir de ces décisions » après l’élection (présidentielle en France), a déclaré M. Mattis lors d’un point de presse à Djibouti.

Les Etats-Unis soutiennent l’opération militaire française « Barkhane » dans cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso), laissant à la France la tâche de mener le combat contre les groupes islamistes radicaux dans cette région avec les alliés africains.

Les Etats-Unis ont notamment apporté du ravitaillement aérien pour les avions français et échangent du renseignement avec les Français.

Le Japon et la Chine aussi

A Djibouti, le secrétaire américain à la défense a rencontré le président, Ismaël Omar Guelleh, et s’est entretenu avec des responsables militaires américains, dont le général Thomas Waldhauser, le chef des forces américaines en Afrique. Il a aussi salué des militaires de la base française voisine.

Djibouti, ancienne colonie française jusqu’en 1977, est stratégiquement situé au sortir de la mer Rouge vers l’océan Indien, le long d’une voie maritime capitale pour le commerce mondial. La base américaine de Camp Lemonnier accueille environ 4 000 militaires et contractuels américains, selon le Pentagone. Elle joue un rôle clé pour soutenir les opérations militaires en Afrique, notamment en Somalie, où les militaires américains aident les forces locales à lutter contre les insurgés islamistes chabab liés à Al-Qaida. Cet ancien camp de la Légion étrangère française joue aussi un rôle important pour soutenir les opérations américaines au Yémen, où les forces spéciales américaines mènent régulièrement des opérations d’élimination par drones contre Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA).

La France, ancienne puissance coloniale jusqu’en 1977, possède aussi sa base militaire à Djibouti, qui compte environ 1 450 militaires sur des installations voisines des américaines.

Le Japon dispose également d’une base permanente et la Chine est en train de construire ses propres installations militaires, non sans susciter une certaine inquiétude des Américains. Le général Waldhauser a indiqué au Congrès américain qu’il avait fait part de ses « préoccupations » au président Guelleh, sur « ce qu’il est important pour nous que les Chinois fassent ou pas ».

Attaques de pirates

Djibouti sert aussi de point d’appui aux opérations militaires internationales de lutte contre la piraterie au large des côtes de la Somalie. Le phénomène, qui s’était estompé ces dernières années, est réapparu en mars, probablement en raison de la sécheresse et de la famine qui sévissent en Somalie, a averti le général Thomas Waldhauser.

Une demi-douzaine d’attaques de pirates ont été répertoriées sur le mois écoulé, selon le général américain. « Nous ne pouvons pas dire encore s’il s’agit d’une vraie tendance », mais « nous surveillons la situation », a-t-il déclaré devant la presse.

Les Etats-Unis sont arrivés à Djibouti après les attentats du 11 septembre 2001 dans leur pays pour soutenir leurs opérations contre Al-Qaida et les talibans en Afghanistan. Mais cette installation, qualifiée à l’époque de « provisoire », a finalement été pérennisée et étendue et les Etats-Unis ont signé en 2014 un nouveau bail de vingt ans.

La base, où de nombreuses installations sont en cours de construction, occupe désormais près de 240 hectares, au bord de la piste d’atterrissage de l’aéroport international de Djibouti, qu’elle utilise pour ses propres mouvements d’avions.

Les Etats-Unis paient un loyer d’environ 65 millions de dollars (60 millions d’euros) pour ces installations, selon un responsable militaire américain.

Jim Mattis est le premier membre de l’administration Trump à se rendre en Afrique.