Marine Le Pen dans l’émission de TF1 « Elysée 2017 », le 25 avril. | Laurence Geai pour "Le Monde"

Marine Le Pen a étrenné, mardi 25 avril, la nouvelle émission de TF1, « Elysée 2017 ». Pendant une heure et 20 minutes, elle a été interrogée sur son programme mais aussi son état d’esprit, douze jours avant le second tour qui doit l’opposer à Emmanuel Macron. Voici ce qu’il faut retenir de son intervention.

  • « Je ne suis plus la présidente du FN, je suis la candidate »

« Je ne suis pas la candidate du FN, je suis la candidate soutenue par le FN. » C’est en jouant sur les mots que Marine Le Pen a débuté son intervention. La candidate a en effet tenu à rappeler son retrait de la présidence du Front national pour l’entre-deux-tours, annoncé lundi. Un pur symbole, les instances de son parti ne devant a priori pas se réunir d’ici au second tour.

« L’élection présidentielle, c’est la rencontre d’une personnalité avec le peuple, en dehors des considérations partisanes. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai pris la décision de me mettre en congé de la présidence du FN », a-t-elle insisté avant de se réjouir du résultat du premier tour.

Interrogée sur le vote « protestataire » en sa faveur, la candidate a assuré « qu’on n’arriv[ait] [pas] au second tour de l’élection présidentielle avec un vote de protestation. Ceux qui ont voté pour moi ont compris ce que je voulais leur proposer. »

  • Macron, héraut de la « mondialisation sauvage » et « entre les mains de l’UOIF

Appelée à réagir à un reportage auprès des ouvriers d’un chantier naval, Marine Le Pen en a profité pour rappeler tout le mal qu’elle pense du programme économique de son adversaire du second tour. Elle a brocardé « la mondialisation sauvage » : « C’est l’argent roi, c’est la dérégulation totale, c’est le projet d’Emmanuel Macron ».

Marine Le Pen a continué à s’en prendre à l’ancien ministre de l’économie, en l’accusant notamment d’être « entre les mains » de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des candidats qui nous expliquent qu’il n’y a pas de culture française, qui sont entre les mains des communautaristes, notamment des plus dangereux, comme l’UOIF, une organisation dont j’appelle à la dissolution », a-t-elle ainsi lancé.

M. Macron « nous a expliqué qu’il avait dans son entourage un islamiste radical mais que c’était un brave type, un type bien », a-t-elle accusé. Une allusion à Mohammed Saou, un responsable départemental d’En Marche!, dont des textes postés sur les réseaux sociaux, dont certains conspirationnistes, ont récemment été exhumés. Il s’est mis depuis en retrait du mouvement.

  • Des appels du pied aux agriculteurs et aux militaires

La candidate a apporté son soutien aux agriculteurs, une profession qui se tourne de plus en plus le vote Front national. Elle a plaidé pour que les subventions soient maintenues mais « distribuées par la France » car « le gouvernement est mieux placé plutôt que les technocrates de Bruxelles ».

Elle a également promis « dès 2018 » d’« augmenter à 2 % du PIB le budget de l’armée avec un objectif de 3 % à la fin du quinquennat ».

  • « Je ne suis pas une adversaire de l’Europe »

Interrogée au début de l’émission sur sa position vis-à-vis de l’Europe, un élément clé de son programme, la candidate du FN a exceptionnellement assuré qu’elle se sentait « européenne ». D’habitude si prompte à critiquer l’UE, elle a assuré dans cet entre-deux-tours qu’elle n’était pas une « adversaire de l’Europe ».

« Je ne suis pas une adversaire de l’Europe, je me sens européenne. Je voudrais qu’il y ait des accords entre les nations librement consentis, c’est cette Europe là que je veux voir émerger et je souhaite que la France soit à l’origine de ce beau projet, de cette belle initiative. »

Mme Le Pen a précisé que, si elle est élue, elle entrerait « en négociation » avec l’Union européenne, puis qu’elle soumettrait le résultat de cette néogication à référendum.

  • Des relations internationales « pacifiées »

Face à une journaliste de la chaîne américaine CNN, la candidate, qui a récemment rencontré le président russe Vladimir Poutine, a assuré qu’elle ne serait « soumise à personne » dans les relations internationales.

« La seule question que je me poserai, c’est est-ce que c’est bon pour la France et les Français ? Ce qui est insupportable, c’est qu’on a eu le sentiment que les Etats-Unis décidaient et que la France suivait. »

Mme Le Pen a dit vouloir des « relations pacifiées avec l’ensemble des nations », comme avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie. « Les peuples veulent être respectés dans leur mode de vie, leur identité », a-t-elle souligné.

  • Aux électeurs de Mélenchon : « le projet de M. Macron est fratricide »

Sur le refus de Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, d’émettre une consigne de vote en vue du second tour, Marine Le Pen a répondu en s’adressant à ses électeurs. « Est-ce que, sérieusement, vous envisagez de voter pour M. Macron qui a annoncé qu’il allait mener une guerre sociale ? Qui va créer une loi El Khomri 1 000 ?

Le projet de M. Macron, c’est un projet fratricide. Il vise à jeter les communautés les unes contre les autres, les entreprises les unes contre les autres. 

Consciente que ces électeurs représentent un réservoir de votes crucial pour le second tour, Marine Le Pen a réitéré son appel du pied. « Les gens qui ont voté la France insoumise, je les vois mal aller voter pour la France soumise de Macron. » Quant aux Républicains qui ont appelé à voter pour Emmanuel Macron, Mme Le Pen a fustigé des « briseurs de rêves, des machines à fabriquer de la déception ».