L’influence du parti australien d’extrême droite de Pauline Hanson, One Nation, ne cesse de croître. | Lisa Maree Williams/Getty Images

Elle est aussi rousse que Marine Le Pen est blonde. Pauline Hanson, chef du parti d’extrême droite One Nation, incarne la version australienne de cette montée du populisme observée dans tant de démocraties occidentales. Après un premier moment de gloire à la fin des années 1990, elle avait quasiment disparu du paysage politique, avant de revenir sur le devant de la scène en 2016.

One Nation a 20 ans et la popularité de sa chef grimpe. Son message est tout à fait similaire à celui de la présidente du Front national. Le politologue Duncan McDonnell est d’ailleurs convaincu que Pauline Hanson suit de près la campagne de la candidate à l’élection présidentielle française et juge que certaines de ses propositions sont directement « copiées ». « Je pense qu’elle a appris en regardant ce qui se passe en Europe », confie ce chercheur spécialiste du populisme à la Griffith University en Australie. Il évoque aussi « l’influence » du Néerlandais Geert Wilders, dirigeant du Parti populaire pour la liberté et la démocratie, venu plusieurs fois sur l’île-continent. Pauline Hanson est protectionniste, contre l’islam, contre l’immigration et contre la société multiculturelle.

Ex-vendeuse de poisson frit dans le Queensland

L’histoire de cette politicienne de 62 ans est cependant très différente de celle de Marine Le Pen. Rien ne prédestinait à une carrière politique la plus célèbre propriétaire de fish and chips de son pays : elle a en effet gagné sa vie dans un premier temps en vendant du poisson frit dans une échoppe d’un village de l’État du Queensland. Elle a aussi participé en robe rouge courte et moulante à l’émission de télé-réalité Danse avec les stars. À la fin des années 1990, craignant de se faire assassiner, elle avait enregistré sa propre nécrologie. « Si vous me voyez maintenant, cela signifie que j’ai été tuée », disait-elle. La vidéo a fuité, donnant lieu à des parodies qui ont fait les délices d’une bonne partie du pays.

Lors de son premier discours en tant qu’élue au Parlement en 1996, Pauline Hanson avait affirmé que l’Australie risquait d’être « submergée par les Asiatiques ». « Êtes-vous xénophobe ? », l’avait ensuite interrogée une journaliste. Sa réponse est restée dans l’histoire politique australienne : « Please, explain ? » La femme politique a reconnu plus tard qu’elle ignorait le sens du mot « xénophobe ».

« Il y a un marché pour cette droite radicale en Australie. » Duncan McDonnell, politologue

Vingt ans plus tard, en septembre, après avoir été élue au Sénat, Pauline Hanson a jugé cette fois que l’Australie risquait d’être « submergée par les musulmans ». « Il est plus acceptable de s’attaquer à eux. Elle ne parle plus beaucoup des Asiatiques ou des Aborigènes », analyse Duncan McDonnell. Après l’attaque terroriste de Londres, elle a détourné le hashtag « Pray4London » en lançant « Pray4MuslimBan » pour interdire l’immigration des musulmans.

En juillet 2016, One Nation a remporté quatre sièges au Sénat. Pauline Hanson est de plus en plus populaire, comme le montre un sondage publié le 10 avril par le journal The Australian. Elle grignote des parts au premier ministre conservateur Malcolm Turnbull, chef du Parti libéral d’Australie, en particulier chez les plus de 50 ans. Une personne sur dix de cet âge soutient désormais son parti. « Son influence grandit au point de tirer le Parti libéral davantage vers la droite », explique Duncan McDonnell.

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Pauline Hanson est jugée de plus en plus acceptable, voire incontournable : le Parti libéral a passé un accord électoral avec One Nation lors d’élections en mars, en Australie-Occidentale. Les deux partis ont perdu mais ce deal représente un tournant. Le principal doute sur Pauline Hanson concerne sa capacité à diriger son parti. « Contrairement à Marine Le Pen, ce n’est pas une bonne chef », juge le politologue. One Nation en a souffert dans les années 2000 et, à nouveau, des dissensions commencent à apparaître. « Mais si ça ne marche pas pour Pauline Hanson, quelqu’un d’autre prendra sa place. Il y a clairement un marché pour cette droite radicale en Australie. »