A un horizon de dix ans, près de la moitié des machines implantées en Europe seront en fin de vie. | JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

EDF enrichit son portefeuille éolien dans le cadre de son plan stratégique CAP 2030, qui prévoit en particulier de doubler ses capacités dans les énergies renouvelables à l’horizon 2030. Sa filiale EDF Energies nouvelles (EDF EN) a annoncé, mardi 25 avril, être entrée « en négociations exclusives » avec les actionnaires majoritaires de Futuren (ex-Theolia) pour racheter le spécialiste français de l’éolien. Une acquisition qui lui permettra notamment de se développer sur le marché allemand.

Dans un premier temps, EDF EN rachètera la part de ces majoritaires, expliquent les deux sociétés. Une fois l’opération réalisée, la filiale d’EDF lancera une offre publique d’achat simplifiée sur la totalité du capital. Les prix proposés de 1,15 euro par action et de 9,37 euros par obligation convertible en actions (Oceane) font ressortir une prime de 39 % par rapport aux derniers cours. Le montant global de l’acquisition sera « légèrement inférieur à 320 millions d’euros », indique le directeur général d’EDF EN, Antoine Cahuzac, qui espère boucler l’opération « d’ici la fin de l’année ».

L’intérêt d’EDF EN pour sa « cible » remonte « à la fin 2016 », indique-t-il. Après six années de grandes difficultés liées à un lourd endettement, surtout après le rejet par des actionnaires minoritaires de l’offre publique d’achat de l’australien Macquarie en septembre 2013, Futuren a fini par se redresser et afficher un résultat légèrement positif.

D’autres acquisitions en vue

L’électricien, qui va intégrer la centaine de salariés de la société, escompte des synergies représentant environ 10 % du prix d’acquisition (soit 30 millions d’euros) grâce à un meilleur pilotage des parcs de Futuren et dans le développement des projets en cours, notamment hors de France.

EDF EN cherche, en effet, davantage à se développer à l’étranger, notamment aux Etats-Unis, où la construction de parcs éoliens rencontre moins d’obstacles politico-administratifs. Si Futuren est présent dans l’Hexagone, où il accroîtra les capacités d’EDF de 15 % à 20 %, une bonne partie des 389 mégawatts (MW) qu’il exploite en propre et des 357 MW qu’il opère pour des tiers sont implantés en Allemagne, en Italie et au Maroc. De plus, la société acquise détient un portefeuille de projets autorisés de 168 MW.

M. Cahuzac estime que les actifs de Futuren « complètent tout à fait nos activités ». Avec l’Allemagne en ligne de mire. L’ex-Theolia y détient 140 MW de capacités, qui seront les premiers véritables actifs éoliens d’EDF EN dans ce pays. Mais il veut aller plus loin outre-Rhin, où il envisage d’autres acquisitions, « principalement » des acteurs ayant un portefeuille de projets en développement.

Modernisation des parcs anciens attendue

Autre pays cible d’EDF EN : le Maroc, qui a un plan national de développement. L’éolien s’implante notamment sur la façade atlantique très venteuse, le groupe français prévoit de développer un projet de 150 MW à Taza, qui a pris des années de retard, tandis que Futuren y a un parc de 50 MW et détient un portefeuille de projet de 200 MW.

Le groupe mise aussi sur des parcs anciens dont les éoliennes doivent être optimisées, voire remplacées par des machines plus puissantes. A un horizon de dix ans, près de la moitié des machines implantées en Europe seront en fin de vie. A mesure que les parcs commencent à atteindre vingt ans, comme au Danemark ou en Allemagne, il faut les moderniser.

Ce « repowering » consistant à mettre des turbines produisant plus d’électricité – on est passé à terre de 0,5 MW à 7,5 MW pour la plus puissante – est moins compliqué que l’installation de nouveaux parcs. « Cela va devenir une activité très importante dans les prochaines années », souligne M. Cahuzac. Un relais de croissance pour la filiale verte d’EDF.