Pierre Laurent (PCF) et Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), lors d’un point presse commun, le 24 février. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Etudier la carte des circonscriptions où Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête lors du premier tour de la présidentielle est riche d’enseignements. Elles sont 67 et ses scores y sont supérieurs à 22 % des voix. En Seine-Saint-Denis, les candidats Front de gauche – dont Marie-George Buffet et Clémentine Autain – pourront y voir un bon point de départ pour leur campagne.

Ce n’est pas le cas des socialistes, qui ont du souci à se faire, notamment dans ce département. Dans la circonscription du socialiste Mathieu Hanotin, qui recouvre partiellement la ville de Saint-Denis, M. Mélenchon réalise sa meilleure performance avec 43,2 % des voix. Il fait également de très bons scores – entre 34 et 40 % des voix – dans celles de Razzy Hammadi, Elisabeth Guigou, Bruno Le Roux ou Claude Bartolone.

A Paris, la ministre du travail, Myriam El Khomri, qui se présente dans la circonscription de Daniel Vaillant (18e et 19arrondissements), peut légitimement montrer quelques signes d’inquiétudes, tout comme le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, dans le 19e. M. Mélenchon obtient 34,2 % chez la première et 30,5 % chez le second. La première place de son ex-camarade dans sa circonscription de Haute-Garonne (27,6 %) n’aura pas non plus échappé au « monsieur élections » du PS, Christophe Borgel.

« La concurrence s’avérerait mortelle »

Jean-Luc Mélenchon et ses partenaires sauront-ils en tirer profit ? Rien n’est moins sûr vu l’état de leurs rapports. Mardi 25 avril, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a convoqué une conférence de presse pour parler des législatives, qui s’annoncent « cruciales », notamment pour son parti. Jusqu’à présent, le PCF et La France insoumise ne sont pas parvenus à trouver un accord. Le sujet a fini par empoisonner leurs relations et M. Laurent indiquait mardi qu’il n’avait pas réussi à parler à son ex-candidat depuis dimanche. Le score très élevé de M. Mélenchon au premier tour de la présidentielle (19,6 %) devrait cependant donner au député européen l’avantage dans le rapport de force.

M. Laurent ne semble pas l’entendre ainsi. Mardi, il a lancé un appel au rassemblement, notamment à La France insoumise, mais aussi « à toutes les forces de gauche qui sont prêtes à s’en saisir » pour éviter « une concurrence qui s’avérerait mortelle ». Si rien ne bouge, les candidats communistes, notamment les députés sortants, affronteront des « insoumis » mais aussi des écologistes et des socialistes. « Le temps presse, a mis en garde le sénateur de Paris. Si nous sommes ensemble, la victoire est possible dans des dizaines et des dizaines de circonscriptions. Divisés, nous en gagnerons seulement une poignée. » Pour M. Laurent, « les communistes, notamment dans les circonscriptions où ils sont sortants et où leurs positions sont fortes, sont les mieux placés pour conduire cette bataille ».

Manuel Bompard, directeur de campagne de M. Mélenchon, se dit « un peu surpris » par ces déclarations mais assure que des contacts ont été pris avec le PCF. « On avait fait une proposition raisonnable de désistements réciproques dans une dizaine de circonscriptions chacun mais on nous a toujours opposé un refus catégorique », affirme-t-il. Parmi ces dernières devaient se trouver les circonscriptions des sept députés PCF sortants.

Désormais, M. Bompard prévient que ceux qui n’ont pas donné leur parrainage au candidat de La France insoumise pour la présidentielle pourraient bien voir s’en voir exclus. « C’est une question de cohérence politique », souligne-t-il. Parmi les quatre qui se devaient se représenter, André Chassaigne (Puy-de-Dôme), président du groupe à l’Assemblée, et Patrice Carvalho (Oise) seraient concernés. De quoi donner une idée de l’ambiance des futures discussions.