Raul Arévalo sur le tournage de « La Colère d’un homme patient », son premier film. | ARP Sélection

Il y a neuf ans, j’étais dans le bar que tient mon père. Je discutais avec un client. En regardant les informations à la télévision, il était tombé sur un reportage consacré à un fait-divers où un type avait attendu huit ans pour se venger d’un meurtre. J’en ai discuté avec mon père et les autres clients. Je leur ai demandé ce qu’ils feraient si quelqu’un venait à tuer une personne qu’ils aimaient. Jusqu’où iraient-ils ? Seraient-ils capables de tuer à leur tour ? Ces questions me sont restées en tête. A partir de tout cela, j’ai développé le scénario de La Colère d’un homme patient, l’histoire d’un homme qui attend huit ans pour se venger d’un crime oublié.

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J’ai commencé à écrire avec David Pulido, mon ami et scénariste, sur mon temps libre, comme s’il s’agissait d’un jeu. Il a fallu du temps pour mener ce scénario à bien, trouver un producteur et, enfin, le financement pour le film. C’était un peu plus facile pour moi que pour d’autres car je jouis d’une certaine notoriété en Espagne. Sauf que, lorsque les producteurs ont commencé à chercher de l’argent, plus personne ne voulait nous en donner car mon idée ne leur semblait pas intéressante. Ils auraient, de loin, préféré une comédie. Avec mes références, les frères Dardenne, Jacques Audiard ou des films comme Gomorra, on me regardait un peu comme l’Antéchrist. La Colère d’un homme patient est un film tourné en 16 mm pour donner du grain à l’image et une identité visuelle à l’œuvre, des éléments dont les producteurs ne voulaient surtout pas.

Un budget de 1,5 million d’euros

Je n’ai pas organisé de casting. Je me suis occupé de tout, y compris du choix des figurants qui sont tous des amis ou font partie de ma famille. Il y avait aussi beaucoup d’acteurs issus du théâtre indépendant. La question pour moi de tourner dans le film, bien que je sois un comédien assez connu, ne s’est jamais posée. Je n’avais de toute façon pas l’âge des personnages, il me fallait des comédiens avec plus de vécu. Et j’aime être dirigé quand je me retrouve devant la caméra. Je n’aurais pas eu l’impression de l’être en endossant les rôles de réalisateur et d’acteur.

La bande-annonce

La Colère D'un Homme Patient - Bande annonce
Durée : 01:24

J’ai tourné en six semaines, avec un budget de 1,5 million d’euros, dans le village de mes parents, situé dans la Castille profonde, près de Ségovie. Les communes alentours sont très moches, mais visuellement très riches. Carlos Saura avait tourné, dans les années 1970, Cria Cuervos et Anna et les loups dans les environs. Saura et Luis Berlanga, à travers l’humour, sont les cinéastes espagnols qui ont su le mieux capter l’esprit de cette région. Il y a aussi Mario Camus, avec Les Saints Innocents, qui a filmé l’Espagne comme personne d’autre, une Espagne réelle. »

« La Colère d’un homme patient », de Raúl Arévalo, avec Antonio de la Torre, Luis Callejo, Ruth Díaz… 1 h 32. En salle mercredi 26 avril.