Jean-Christophe Cambadélis à Paris, le 24 avril. | IVAN GUILBERT / COSMOS POUR LE MONDE

Jean-Christophe Cambadélis estime qu’Emmanuel Macron n’a pas pris « en compte la gravité de la situation », au soir du premier tour de l’élection présidentielle, a-t-il déclaré sur Franceinfo, jeudi 27 avril. Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) s’est dit « inquiet » « depuis le premier soir ».

« Le résultat c’est que Marine Le Pen fait 800 000 [voix] de plus que régionales, elle est en tête dans la majorité de collectivités (…). Quand j’ai vu son discours j’ai dit : il ne prend pas en compte la gravité de la situation », a-t-il répété.

M. Cambadélis a toutefois concédé à propos de l’épisode de mercredi à Amiens, avec la visite surprise de Marine Le Pen aux salariés de Whirlpool et le chassé-croisé avec M. Macron : « C’était mieux que dimanche soir et lundi, là il est entré dans la campagne. »

« Comment voulez-vous que l’on fasse une coalition ? »

Le patron du PS s’est également exprimé au sujet des législatives et de l’alliance, ou non, avec M. Macron. De coalition, le candidat d’En marche ! « a dit très clairement qu’il n’en voulait pas ! Qu’il ne voulait pas de socialistes, pas négocier, pas de coalition avec nous, que son objectif était de casser le Parti socialiste pour demain casser Les Républicains », a-t-il rappelé. Pour qu’il y ait coalition, « il faudrait qu’il y ait des gestes de la part du président de la République, si c’est Emmanuel Macron ».

« S’il n’y a pas de gestes, de discussion à partir d’un programme dont nous ne partageons pas la totalité, comment voulez-vous que l’on fasse une coalition ? Ce n’est pas une situation où le PS doit aller à Canossa par rapport à un programme du président qui aura gagné dans un rejet de Marine Le Pen. »

« A ce moment-là, s’il y a 577 candidats d’En marche !, 577 candidats de Jean-Luc Mélenchon, je vous dis aujourd’hui ce qui va se passer : c’est la cohabitation. C’est la droite qui va gagner. Libre à Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon de dire il vaut mieux la droite que le Parti socialiste. Ce n’est pas ma position », a déclaré le premier secrétaire du PS.

S’il est réélu député, M. Cambadélis annonce qu’il votera « contre » un projet de loi d’habilitation pour permettre à M. Macron de réformer le droit du travail par ordonnances, comme il l’a dit pendant la campagne de premier tour.

La « faute politique » de Mélenchon

Jean-Christophe Cambadélis a également répondu aux questions sur l’attitude de Jean-Luc Mélenchon, qui a refusé de donner sa position sur le second tour, dimanche, se retranchant derrière l’organisation d’une consultation des participants de sa plate-forme programmatique en ligne.

« C’est une faute politique, selon M. Cambadélis. Jean-Luc Mélenchon a mené de très nombreux combats contre Marine Le Pen. Personne ne peut penser qu’il [la] soutiendra. Pourquoi ne pas le dire d’emblée ? »

Pour le patron du PS, M. Mélenchon « est suffisamment instruit pour comprendre que ce n’est pas la même chose si Marine Le Pen est au pouvoir et si Emmanuel Macron est au pouvoir ».

« Du point de vue de la République, je ne mets pas sur le même plan une critique de certaines positions de M. Macron et le fait que, en France, [selon le FN] il y a des Français de papier et des Français de souche. Je l’appelle à revenir au Jean-Luc Mélenchon qu’il était. »

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