Extrait de la couverture du magazine publié à Lille. | DR

« D’après vous les enfants, pourquoi l’artiste a fait cette ville en sucre ?

– Ben, parce que c’est bon ! »

Cette brillante réponse de la jeune Thalita Grâce se rapproche de celle du bédéiste en herbe Jean-Achille Diène, rencontré en 2016 lors de la biennale d’Art contemporain de Dakar : « L’art, c’est bon. » De Lille à Dakar en passant par Paris, les enfants des villes et des champs ont des idées communes. Ça s’appelle le structuralisme.

Printemps 2017 : cette deuxième édition de « La visite des citoyens » ne pouvait pas mieux porter son nom. Il s’agit d’une initiative de médiation originale menée sous l’impulsion du Camerounais Simon Njami, commissaire de l’exposition « Afriques Capitales, vers le cap de Bonne-Espérance », organisée dans le cadre de Lille 3000 et du Printemps à la gare Saint-Sauveur. Né dans le sillage de Lille 2004, capitale européenne de la culture, l’association Lille 3000 développe de nombreuses initiatives artistiques et culturelles, dont cette deuxième « Visite des citoyens » qui fait suite au fanzine imprimé à Dakar.

Aux pinceaux : Clément Xavier et Lisa Lugrin. Ces deux jeunes auteurs de bande dessinée, primés au festival d’Angoulême en 2015 dans la catégorie « révélation » pour leur bande dessinée Yékini, le roi des arènes qui narrait les aventures d’un lutteur sénégalais, n’en sont pas à leur coup d’essai. Couple à la ville comme sur la page, Lisa Lugrin et Clément Xavier animent régulièrement des ateliers de bande dessinée destinés à tous les publics et ont notamment produit de nombreuses bédés en collaboration avec des enfants gitans du sud de la France. L’idée est de prendre le contre-pied de cette citation de Raymond Queneau en forme de tarte à la crème : « Si vous savez écrire vous savez dessiner. »

En s’inspirant chacun d’une œuvre présentée au sein de l’exposition « Afriques Capitales, vers le cap de Bonne-Espérance », des écoliers de Lille ont produit une page de bande dessinée. C’est-à-dire un récit issu directement de leur imagination, du cerveau à la page imprimée. Et c’est peu de dire que cette imagination fut féconde. Les soixante pages qui suivent sont débordantes d’histoires, d’humour, d’amour et de poésie. Autrement dit : d’Afrique.

Exposition « Afriques Capitales, vers le cap de Bonne-Espérance » à la gare Saint-Sauveur à Lille et à La Villette à Paris du 29 mars au 28 mai.