Depuis le soir du premier tour se multiplient les appels à voter en faveur d’Emmanuel Macron pour barrer la route à Marine Le Pen. S’il a des raisons de s’en réjouir politiquement, le candidat d’En marche ! craint que cet afflux ne gonfle indirectement son temps de parole à la radio et à la télévision. Interrogé mercredi 26 avril par Le Monde, son porte-parole Benjamin Griveaux souhaite que ne soient pas comptabilisées les interventions de ses soutiens déclarés depuis dimanche, tels François Fillon, Nicolas Sarkozy, Yannick Jadot ou Benoît Hamon.

Selon la règle en vigueur, le temps de parole rassemble toutes les expressions d’un candidat et de ses « soutiens ». Ces derniers sont classés comme tels non pas en fonction de leur appartenance à un parti mais en fonction de leur prise de position en faveur du candidat : ainsi, les Républicains qui avaient un temps appelé au retrait de la candidature de François Fillon n’étaient plus comptabilisés comme soutiens, mais les socialistes ou les écologistes qui avaient fait le choix de rallier Emmanuel Macron l’étaient.

Règle de pluralisme

L’équipe d’En marche ! ne conteste pas l’intégration de ses soutiens de longue date au temps de parole du candidat, mais elle aimerait que ceux s’étant déclarés depuis le premier tour, dans le cadre du front républicain, sans avoir été sollicités, en soient exclus. Le but est d’éviter que la présence médiatique de M. Macron gonfle, ce qui appellerait un rééquilibrage en faveur de Marine Le Pen. L’intention est aussi de ne pas voir le temps de parole du candidat grignoté par les passages à l’antenne de représentants politiques sans lien avec son équipe.

Dans les médias, la situation assez exceptionnelle d’un second tour avec un candidat FN suscite une vigilance accrue : « Il y a une interrogation en interne, nous nous demandons si le front républicain peut faire grimper beaucoup le temps de parole de M. Macron », explique Vincent Lemerre, délégué aux programmes de France Culture.

Ayant connaissance de la demande d’En marche !, Adrien Gindre, chef du service France de LCI, raconte que la chaîne d’information fait attention : depuis lundi, elle prend en compte comme soutiens de M. Macron uniquement les personnalités ayant appelé à voter pour lui, pas celles ayant simplement critiqué Marine Le Pen. M. Gindre n’a pas constaté de déséquilibre de temps de parole particulier dans les premiers jours depuis le premier tour – sachant que la soirée électorale, qui a donné lieu à de longs discours de ralliement, était exclue des décomptes. Surtout, le cadre de LCI précise ne pas pouvoir déroger à la règle de pluralisme fixée depuis le début de la campagne par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).

Maîtrise du contenu

Du côté du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), on explique ne pas avoir reçu de demande formelle de la part de l’équipe de M. Macron. Mais on rappelle que la règle vise à équilibrer sur les antennes l’expression des soutiens favorables à chaque candidat. A priori, leur parti d’appartenance ou le moment de leur ralliement ne rentre pas dans les critères d’appréciation.

Pour l’équipe d’Emmanuel Macron, l’enjeu est aussi de tenter de garder la maîtrise du contenu de son temps de parole et des personnes qui le représentent à la télévision ou à la radio. « D’une manière générale, son entourage contrôle les passages à l’antenne de ses soutiens, plus que chez ses concurrents. On doit souvent attendre une validation centralisée au niveau de son équipe », regrette sous couvert d’anonymat un cadre d’une chaîne, estimant qu’En marche ! cherche ainsi à soigner son image de mouvement classé ni à gauche ni à droite.

Présidentielle 2017 : comment est déterminé le temps de parole accordé à chaque candidat ?
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