Le campus Jussieu, de l’Université Pierre-et-Marie-Curie à Paris, en septembre 2016. | Camille Stromboni/Le Monde

« En vous adressant ce message très personnel et inhabituel pour moi, j’abuse de mes prérogatives de président. » Alors que les appels à « faire barrage » à Marine Le Pen se multiplient dans le monde universitaire, Frédéric Dardel, président de l’université Paris-Descartes s’est directement adressé par mail à ses étudiants, ses enseignants et ses personnels le 27 avril.

« Aujourd’hui, j’estime que l’enjeu pour l’existence même de l’esprit universitaire est tel que je suis obligé de franchir cette limite », prévient le biologiste, appelant sa communauté à voter au second tour, face au danger que représente le Front national. « Le populisme ne propose que des messages à l’emporte-pièce, faciles à entendre et simplistes à ceux qui renoncent à tout esprit critique. Et l’esprit critique est la base même de la démarche scientifique et de l’âme universitaire », défend-il.

« Le choix du 7 mai sera un choix crucial de société » 

« Le droit de vote est un don précieux, c’est le fondement même de la démocratie. Vous pouvez ne pas souscrire à tout ou partie du programme des candidats, mais le choix du 7 mai sera un choix crucial de société, bien au-delà de leurs programmes politiques. Votez », ajoute-t-il.

Son homologue de l’université de Bourgogne, Alain Bonnin, a effectué la même démarche quelques jours plus tôt. « Nous vivons l’un de ces moments de l’histoire où l’unité de la nation est menacée par l’intolérance et la peur, écrit-il dans un message à sa communauté. Notre pays doit faire le choix des valeurs universelles et humanistes que sont la dignité de tous, la justice et la tolérance. (…) La France doit renforcer la construction européenne. Car dans l’histoire des peuples, l’Europe est un espace unique de développement et de préservation de la paix. »

La Conférence des présidents d’université (CPU) a, elle aussi, appelé à faire barrage à l’extrémisme en début de semaine, de même que neuf présidents et directeurs des principaux organismes publics de recherche, dans un texte transmis à l’AFP jeudi 27 avril. Ces dirigeants du CNRS, de l’Inserm ou encore de l’INRA, appellent « à voter contre » Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, son programme étant « porteur de régression et de déclin sur tous les plans : économique, social, culturel et bien sûr scientifique. »