« Humanz », cinquième album studio du groupe Gorillaz, fondé à la fin des années 1990. | PARLOPHONE RECORDS/WARNER MUSIC

Le 19 janvier, un jour avant la cérémonie d’investiture du président des Etats-Unis, Donald Trump, 2D au chant et aux claviers, Noodle, à la guitare, aux claviers et au chant, Murdoc à la basse et Russel à la batterie avaient repris du service avec la diffusion de la chanson Hallelujah Money, chantée par Benjamin Clementine. Gorillaz était donc de retour avec ce qui était présenté comme « un commentaire sur cet instant historique et politiquement chargé ». Et se révéla surtout être la première étape dans l’annonce d’un nouvel album en studio de Gorillaz, Humanz, le cinquième du groupe fondé par Damon Albarn (Blur) et le dessinateur et graphiste Jamie Hewlett à la fin des années 1990.

La musique en studio de la formation dont les musiciens sont des personnages dessinés sur les pochettes des disques et apparaissent dans des films d’animation est en fait enregistrée pour l’essentiel par Albarn (représenté par 2D), avec quelques musiciens en plus pour certaines parties et depuis les débuts phonographiques du groupe en 2001 divers invités mis en avant. Par un habile mélange de pop, reggae, rock, électro, hip-hop, l’utilisation inventive de samples à des sources variées (dont des emprunts à Allen Toussaint, Bo Diddley, Raymond Scott…) Gorillaz avait alors fait de l’effet. D’autant que plusieurs chansons, au-delà de l’exercice, accrochaient l’oreille, dont Tomorrow Comes Today, Clint Eastwood, 19-2000, Rock The House.

Les deux albums suivant Demon Days, en 2005 et Plastic Beach en 2010, ce dernier par endroits avec des orchestrations plus poussées, avaient fait entendre d’autres réussites, toujours dans cette approche des mélanges stylistiques et toujours avec des chansons bien tournées : Last Living Souls, Kid With Guns, Dirty Harry, Feel Good Inc., Dare… pour le premier, Superfast Jellyfish, Empire Ants, On Melancholy Hill, To Binge… pour le second. L’aventure fantaisiste plutôt réussie de Gorillaz aurait pu s’arrêter là. The Fall, sorti le 25 décembre 2010, conçu par Albarn à partir d’applications pour la tablette iPad d’Apple, se révélant plus anecdotique que nécessaire.

Sentiment mitigé

Avec Humanz, c’est un sentiment mitigé qui se dégage de l’écoute. Le recours à des invités, qui venaient ponctuer certaines parties des disques précédents, est ici la norme pour quasi chaque morceau du disque, treize sur vingt, dont cinq interludes. Et du coup Albarn, semble plus être l’invité que le maître d’œuvre. Surtout avec de récents interprètes des années 2010 comme Vince Staples – sans lien avec la chanteuse Mavis Staples, qui participe aussi à l’album – Popcaan, Danny Brown ou Kali Uchis. Des croisements d’antan, Albarn a plutôt gardé les éléments électro et rap, sans vraiment que cet apport se distingue du tout-venant.

On suit donc le déroulé de l’album, où dominent des rythmiques mécaniques, sans vraiment y porter attention, avec de temps à autre un passage, un son, qui se dégagent. Ainsi le chœur pop sur le refrain de Srobolite, la voix lasse d’Albarn poussée par un ostinato inquiétant à la basse sur Charger, la présence de la grande voix soul de Mavis Staples sur Let Me Out, l’aspect hymne électro-pop de la dernière chanson du disque We Got The Power. L’une des rares à bénéficier d’une expression mélodique susceptible d’être retenue.

1 CD Parlophone Records/Warner Music.