En 2012, elle avait apporté son soutien à Nicolas Sarkozy deux mois et demi avant le premier tour de l’élection présidentielle. Cette fois, la chancelière allemande aura attendu l’entre-deux-tours du scrutin français pour afficher sa préférence.

« Je n’ai aucun doute sur le fait qu’Emmanuel Macron, s’il est élu, ce que je souhaite, sera un président fort », a déclaré Angela Merkel, vendredi 28 avril, à plusieurs journaux du groupe allemand RND.

Précisément parce que son soutien à l’ancien président français, il y a cinq ans, avait été jugé prématuré par ses adversaires politiques et ainsi que par plusieurs éditorialistes, la chancelière allemande a choisi cette fois de se prononcer tardivement. En janvier, elle a ainsi fait savoir qu’elle était prête à recevoir tous les candidats qui le souhaiteraient. Le premier à ouvrir le bal fut François Fillon, le 23 janvier. Vinrent ensuite Emmanuel Macron, le 16 mars, et Benoît Hamon, le 28 mars. Chaque fois, cependant, Mme Merkel prit soin de ne dire aucun mot, réservant le même traitement à chacun – un rendez-vous d’une heure à la chancellerie, à l’abri des caméras et des micros et sans point presse commun à la sortie.

« Bonne chance »

Une candidate, toutefois, avait été prévenue qu’il était inutile d’insister pour décrocher un entretien avec la chancelière : Marine Le Pen. L’hostilite de Mme Merkel à son égard est connue de longue date. « Je vais essayer de contribuer à ce qu’évidemment d’autres forces politiques soient plus fortes que le Front national pour autant qu’on puisse le faire depuis l’étranger », avait-elle déclaré, le 3 mai 2016, lors d’une visite au lycée français de Berlin. En janvier, son entourage avait fait savoir qu’elle ne recevrait pas Mme Le Pen avant la présidentielle.

Dans ce contexte, son soutien affiché aujourd’hui à M. Macron n’est en rien une surprise. Dès le soir du premier tour, dimanche 23 avril, son porte-parole, Steffen Seibert, avait publié un Tweet dans lequel il souhaitait au candidat d’En marche ! « bonne chance pour les deux prochaines semaines » et saluait ses « prises de position pour une Europe forte et l’économie sociale de marché ».

Avant celui de Mme Merkel, M. Macron – qui jouit d’un très grand élan de sympathie en Allemagne – avait reçu le soutien de deux autres poids lourds du gouvernement allemand, même si chacun des deux, en se prononçant pour lui, apparurent à l’époque en rupture par rapport à la position officielle de leurs propres partis. Ce fut d’abord le cas du ministre des affaires étrangères et vice-chancelier, Sigmar Gabriel, qui se prononça en sa faveur alors que son successeur à la tête du Parti social-démocrate, Martin Schulz, prit position pour M. Hamon.

Ce fut ensuite le cas de Wolfgang Schäuble. Interrogé par l’hebdomadaire Der Spiegel, le 11 avril, le ministre des finances déclara que, s’il était français, il « voterai(t) vraisemblablement Macron ». En Allemagne, cette prise de position avait été très commentée. Pas seulement parce que M. Schäuble est le dirigeant politique le plus populaire du pays. Mais aussi parce que la logique aurait voulu qu’en tant que membre de l’Union chrétienne démocrate de Mme Merkel, allié en France au parti Les Républicains, il soutienne plutôt M. Fillon. Un soutien auquel le ministre allemand des finances se refusa en raison, expliqua-t-il, des propos tenus par le candidat de la droite française contre la justice dans le contexte de l’affaire de l’emploi présumé fictif de sa femme Penelope.