Au second jour de la visite du pape François en Egypte, le 29 avril 2017. | ANDREAS SOLARO / AFP

Un stade de l’armée de l’air posé dans le désert, protégé par le mur d’enceinte d’une base militaire, survolé en permanence par plusieurs hélicoptères de combat, truffé à l’intérieur et surveillé à l’extérieur par des centaines d’agents des services de sécurité civils et militaires… La seule apparition en public du pape François, au second jour de sa visite en Egypte, samedi 29 avril, n’a pu avoir lieu qu’avec un déploiement de sécurité encore renforcé par rapport à la veille. C’est là, dans cet environnement martial, que le pontife est venu délivrer un message de non-violence et de fraternité au cours d’une messe : « N’ayez pas peur d’aimer tout le monde, amis et ennemis, car c’est dans l’amour vécu que résident la force et le trésor du croyant », a-t-il lancé à la fin de son homélie.

A l’intérieur du stade, quelque 15 000 membres de la petite communauté catholique du pays (environ 250 000 personnes) se réjouissent de l’appui que le chef de leur Eglise est venu apporter aux chrétiens du pays et plus généralement du Proche-Orient. Deux jeunes filles, Melissa Nicolas, venue d’Alexandrie, et Natalia Miled, du Caire, appartiennent aux scouts qui sont chargés d’une partie de l’organisation de l’événement. Pour elles, la venue de François, dix-sept ans après celle de Jean-Paul II et alors que la communauté copte est depuis des mois la cible d’attentats revendiqués par l’organisation Etat islamique, est plus qu’une aubaine : « un miracle ». « Il nous rend plus forts. Nous allons pouvoir prier avec lui ne serait-ce que quelques instants », se réjouissent les deux adolescentes.

Une visite « forte pour l’Egypte »

Un scout de 37 ans, originaire d’Al-Minya, en moyenne Egypte, affiche sa tranquillité d’esprit, même s’il préfère conserver l’anonymat : « Cette visite est forte pour l’Egypte. Elle prouve au monde qu’il y a la paix ici. L’Egypte surmontera la crise. Partout dans le monde il y a des difficultés. En France aussi ! » Cet état d’esprit est affiché par tous ceux qui s’expriment.

Le pape entouré d’agents de sécurité, le 29 avril au Caire. | Gregorio Borgia / AP

Lorsque le pape François fait un tour du stade juché sur une voiturette de golf, il n’a jamais été entouré d’autant d’agents de sécurité : une vingtaine d’entre eux forme une masse compacte autour du petit véhicule. Des ballons jaunes et blancs – les couleurs du Vatican – sont lâchés et la foule de fidèles exulte. La liturgie se fait en arabe et en latin.

Dans son homélie, François a poursuivi d’une autre façon son offensive de la veille contre l’extrémisme religieux. « La vraie foi, affirme-t-il, est celle qui nous conduit à protéger les droits des autres, avec la même force et avec le même enthousiasme avec lesquels nous défendons les nôtres. (…) Dieu n’apprécie que la foi professée par la vie, parce que l’unique extrémisme admis pour les croyants est celui de la charité ! Tout autre forme d’extrémisme ne vient pas de Dieu et ne lui plaît pas ! » Le pape devait ensuite rencontrer le clergé catholique, dernière étape de sa dense visite de vingt-sept heures, avant de rentrer à Rome.