Des policiers à Dammartin-en-Goële, le 9 janvier 2015, aux abords du lieux où se sont retranchés les auteurs de l’attentat de « Charlie Hebdo », Chérif et Saïd Kouachi. | DOMINIQUE FAGET / AFP

L’enquête progresse sur le circuit des armes utilisées en janvier 2015 par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly. Trois personnes soupçonnées d’avoir aidé les auteurs des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher de Vincennes ont été mises en examen, vendredi 28 avril, pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Deux d’entre elles ont été placées en détention provisoire, tandis que la troisième a été incarcérée dans l’attente d’un débat sur sa détention, selon une source judiciaire.

Parmi les trois mis en examen, figure Samir L., considéré comme lié de très près à la vente de certaines armes fournies à Amedy Coulibaly. Miguel M. et Abdelaziz A., sont, eux, soupçonnés d’être liés à un possible réseau de trafic d’armes entre la Belgique et la France.

En début de semaine, les enquêteurs de la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire avaient mené une vaste opération dans le nord de la France et en Belgique. Treize individus avaient ainsi été interpellés, dont un ancien douanier et des trafiquants d’armes présumés.

Aide logistique

Dans le cadre des investigations sur les attentats de janvier 2015, sept hommes ont déjà été mis en examen, suspectés à des degrés divers d’avoir apporté une aide logistique à Amedy Coulibaly, mais tous nient avoir eu connaissance du projet terroriste. Si la provenance d’une partie de l’arsenal du tueur de Montrouge et de l’Hyper Casher a rapidement pu être retracée, les enquêteurs se demandent comment les frères Kouachi ont obtenu le leur.

Les frères Chérif et Saïd Kouachi disposaient de plusieurs pistolets semi-automatiques et des fusils d’assaut en provenance de Slovaquie, de Russie ou de l’ex-Yougoslavie. Les armes d’Amedy Coulibaly, venues de Slovaquie et démilitarisées, étaient passées par un intermédiaire en Belgique avant d’être revendues à la société de la compagne de Claude Hermant, un trafiquant d’armes présumé proche des milieux de l’extrême droite nordiste.

Le couple a été interrogé dans l’enquête en garde à vue, en décembre 2015, sans être mis en examen. M. Hermant, ancien mercenaire pendant la guerre en ex-Yougoslavie, est déjà incarcéré dans un dossier de trafic d’armes à Lille. Lors de ses précédentes auditions, il s’est présenté comme un indicateur de la gendarmerie, ce qui s’est avéré être le cas dans le passé, selon une source proche de l’enquête. Il a affirmé avoir fourni ces armes à un autre trafiquant présumé pour infiltrer un réseau, avec l’aval de la gendarmerie.