Daniel Cordier à l’Elysée le 6 juin 2014. | FRED DUFOUR / AFP

« Monstrueux. » C’est le terme choisi par l’ancien secrétaire de Jean Moulin, Daniel Cordier, pour qualifier la possible élection de la candidate du Front national (FN) à la présidence de la République. Dans un entretien au Journal du dimanche du 30 avril, l’homme qui est parti à Londres en 1940 alors qu’il n’avait « pas vingt ans » pour entrer dans la Résistance lance un message clair : « [Marine] Le Pen, je dis non. »

« Le Pen, dans la vie politique française, représente la négation de tout ce pour quoi nous nous sommes battus. Le Pen, c’est la France de la réaction, c’est la France de Maurras qui continue. Ce retour est effrayant », poursuit M. Cordier, l’un des onze derniers compagnons de la Libération encore en vie. Agé de 96 ans, il s’exprime pour la « première fois » dans le débat politique.

« Une imposture »

Militant dès l’âge de 17 ans à l’Action française (mouvement politique nationaliste et monarchiste d’extrême droite), il s’était opposé à l’armistice et avait embarqué le 21 juin 1940 à Bayonne pour arriver à Londres. Secrétaire de Jean Moulin en 1942-1943, ses opinions ont évolué vers la gauche. « J’avais voté Hollande en 2012 et je trouve le résultat décevant », confie-t-il au JDD.

Daniel Cordier appelle « sans hésitation et sans aucune réserve » à voter pour Emmanuel Macron, le représentant du mouvement En Marche !. « Quand il est allé visiter l’usine Whirlpool dans une ambiance hostile, il s’est battu. Il a été mieux que je ne l’aurais imaginé. » Interrogé sur les allusions au gaullisme dans les discours de Marine Le Pen et de son nouvel allié Nicolas Dupont-Aignan, l’ancien secrétaire de Jean Moulin considère que ce sont des « mots creux » : « Quand je les entends revendiquer cet héritage je le ressens comme une imposture. »