Le capitaine du PSG Thiago Silva s’en prend à l’arbitre, dimanche 30 avril, lors de la défaite (3-1) à Nice. | VALERY HACHE / AFP

Le parfum de fin de règne ne peut qu’écœurer les monarques accrochés à leur trône depuis des lustres. En atteste le sentiment de frustration exprimé par les joueurs du Paris-Saint-Germain, dimanche 30 avril, après leur défaite (3-1) contre l’OGC Nice, en clôture de la 35e journée de Ligue 1. Les nerfs en capilotade, au bord de l’hystérie, les protégés de l’entraîneur espagnol Unai Emery ont été blessés dans leur orgueil à l’Allianz Riviera, terminant la rencontre à neuf contre onze en raison des expulsions de Thiago Motta et d’Angel Di Maria.

Enclins à critiquer l’arbitrage de Ruddy Buquet, les quadruples champions de France en titre ont eu du mal à encaisser leur cinquième revers de la saison. Cette déconvenue scelle, selon toute vraisemblance, la fin de l’hégémonie du PSG version qatarie (580 millions d’euros de budget prévisionnel) en Ligue 1. Une écrasante domination qui s’étire depuis le printemps 2013.

La marche triomphale de Monaco

Domptés par les « Aiglons », bluffants troisièmes de Ligue 1 (avec 77 points), les Parisiens sont désormais distancés de trois points par le leader monégasque (83 unités), qui compte un match en retard.

Incapables d’entraver la marche triomphale d’un club du Rocher, devenu une machine à marquer (+ 66 de différence de buts), les joueurs d’Unai Emery ont fait mine d’y croire encore dans les couloirs de l’Allianz Riviera.

« Bien sûr qu’on pense encore au titre, on sait comment est le foot, des fois ils se passe des choses qu’on n’attend pas, a commenté Thiago Motta, qui s’était distingué en assénant un coup de tête au défenseur niçois Paul Baysse. Pourquoi pas une défaite de Monaco ? »

A trois journées du terme de la saison, les Parisiens en sont rendus à faire semblant de miser sur un improbable faux pas de l’ASM (160 millions d’euros de budget prévisionnel), qui affrontera, par ailleurs, les Italiens de la Juventus Turin en demi-finales de Ligue des champions, les 3 et 9 mai.

Pour rappel, le PSG avait remporté sa quatrième couronne d’affilée dès mars, l’année passée. Un saisissant contraste qu’a pointé l’Italien Marco Verratti : « La saison dernière on avait déjà gagné le championnat… »

Le cas Emery

Ni la victoire (4-1) en finale de la Coupe de la Ligue, le 1er avril, contre la formation de la Principauté, ni le putatif sacre en Coupe de France contre Angers (le 27 mai) ne peuvent consoler les dirigeants parisiens.

Au printemps 2016, n’avaient-ils pas poussé l’entraîneur Laurent Blanc vers la sortie pour enrôler le Basque Unai Emery, triple vainqueur de la Ligue Europa avec le FC Séville (en 2014, 2015, 2016) ?

Le technicien espagnol était censé « effectuer les petits réglages » – selon la formule utilisée en interne – qui permettraient au PSG de franchir le cap des quarts de finale de la Ligue des champions (LDC).

Après une première moitié de saison ratée, Emery avait donné l’impression de corriger le tir, l’équipe étrillant (4-0) le FC Barcelone, le 14 février, en huitièmes de finale aller de LDC. Le crash historique (6-1) de ses joueurs au Camp Nou, le 8 mars, a soudainement stoppé ce nouvel élan.

L’intersaison s’annonce agitée

Le revers face à Nice jette une lumière crue sur un exercice 2016-2017 aussi inconfortable que mouvementé pour le PSG. Jamais, depuis le sacre insolite de Montpellier, en 2012, les Parisiens n’avaient été autant déstabilisés sur la scène hexagonale.

Une mauvaise passe à laquelle s’agrègent un recrutement controversé (les cas Hatem Ben Arfa, Jesé, Grzegorz Krychowiak et Gonçalo Guedes) et des turbulences politiques : démission du directeur sportif Olivier Létang, rôle imprécis du « directeur du football », Patrick Kluivert.

Habitué à opérer une razzia ces deux dernières saisons, le PSG pourrait donc ne conserver, in fine, que deux de ses quatre titres nationaux. Une maigre récolte qui devrait irriter l’émir du Qatar, Tamim Al-Thani.

Déjà humilié en mondiovision par le Barça, le propriétaire du club maintient jusqu’à présent sa confiance à son ami et compatriote Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG depuis son rachat en 2011 par le fonds Qatar Sports Investments (QSI)

Dos au mur après la défaite à Nice, Unai Emery a, lui, invité ses joueurs à « pousser » pour la victoire en Ligue 1. Comme si l’entraîneur espagnol – plus que jamais sur un siège éjectable – se croyait encore en mesure de prolonger le règne parisien avant une intersaison qui s’annonce agitée.