La crise au Venezuela expliquée en quatre minutes
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L’opposition vénézuélienne a officialisé dimanche 30 avril dans une lettre au pape François son refus de reprendre toutes discussions avec le président Nicolas Maduro, « s’il n’y a pas de garanties » sur les modalités de ce dialogue.

Le souverain pontife avait déclaré la veille qu’il était d’accord pour que le Vatican reprenne le rôle de médiation qu’il avait joué en 2016 entre les diverses forces politiques du pays. Mais il avait ajouté que cela ne pourrait se faire qu’à « des conditions très claires », dont il n’avait pas spécifié la nature.

Dans sa missive, la coalition de la Table de l’unité démocratique (MUD) remercie le chef de l’Eglise catholique de sa « préoccupation constante » pour le peuple vénézuélien. Mais en s’appuyant sur des déclarations antérieures du pape, la MUD explique qu’elle ne souhaite pas reprendre le dialogue dans les conditions actuelles.

« Vous avez déclaré à de nombreuses occasions que s’il n’y a pas de garanties et de conditions très claires de la part du régime [du président Nicolas Maduro], il n’y a pas de possibilité ni d’un dialogue, ni d’une résolution de cette très grave crise. »

Un dialogue politique entre pouvoir et opposition avait été lancé en octobre 2016 sous l’égide du Vatican et de l’Union des nations sud-américaines (Unasur). Mais la MUD avait gelé ces négociations en décembre en accusant le pouvoir chaviste (du nom du président défunt Hugo Chavez, 1999-2013) de ne pas appliquer des accords conclus sur un calendrier électoral et sur la libération d’opposants emprisonnés.

« Plus unis que jamais »

Par ailleurs, l’opposition écarte dans sa lettre une objection du pape qui avait déclaré samedi que celle-ci était « divisée ». « Nous, les Vénézuéliens, sommes aujourd’hui plus unis que jamais concernant la demande d’un changement politique dans notre pays. Et les acteurs qui forment la Table de l’union démocratique le sont aussi », déclare-t-elle, en rappelant son exigence que des élections générales soient tenues en 2017.

L’un des principaux dirigeants de la MUD, Henrique Capriles, avait déjà rejeté samedi l’offre de médiation du souverain pontife. Il avait lui aussi nié toute division. Il avait même estimé que le dialogue mené pendant plusieurs mois en 2016 avait servi à « blanchir » le président.

Le chef de l’Etat s’est pour sa part félicité dimanche de la proposition du pape et a accusé les dirigeants de l’opposition de refuser toute discussion. « Si je dis dialogue, ils s’enfuient épouvantés, ils ne veulent pas de dialogue », a déclaré M. Maduro au cours de son émission télévisée hebdomadaire.

Appel de huit pays

Huit pays d’Amérique latine ont apporté, dimanche, dans une déclaration commune leur soutien à la proposition du pape François d’une nouvelle médiation du Vatican. « Nous adhérons aux déclarations de Sa Sainteté, faites au cours des dernières heures, concernant la situation que vit le Venezuela », déclarent les signataires du texte, Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Pérou, Paraguay et Uruguay.

Un éventuel dialogue entre le pouvoir du président Nicolas Maduro et l’opposition devra se faire « dans des conditions très claires, pour une solution négociée de la crise politique, économique et humanitaire » que vit le Venezuela, estiment-ils.