Le studio de La Plaine Saint-Denis, où aura lieu le débat de l’entre-deux-tours entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, le 3 mai. | Eric Feferberg / AP

Marine Le Pen est ultra-maquillée et a de longs cheveux blonds qui lui arrivent presque à la chute des reins, lui donnant de faux airs de sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen. Emmanuel Macron semble tout frais sorti d’une école de commerce. Les doublures lumières et caméras des deux candidats à la présidentielle ne ressemblent pas tout à fait aux originaux. Qu’importe. Dans les Studios 107 de la Plaine Saint-Denis, on s’affaire pour régler les derniers détails et l’emplacement des quatorze caméras qui filmeront, mercredi 3 mai, le débat d’entre les deux tours.

En apparence, tout semble prêt. Les noms des postulants à la magistrature suprême sont inscrits sous la table de deux mètres cinquante qui séparera les finalistes. Les écrans qui constituent le décor circulaire, où l’on devine des morceaux de la façade du palais de l’Elysée, sont en marche. Tout est plus ou moins flouté et dans des tons de bistre « pour ne pas trop attirer l’œil », précise le réalisateur, Tristan Carné. « Ce qu’on veut voir, ce sont les deux candidats. »

Une dizaine de grandes thématiques

Comme en 2012, ce studio de 650 m2 accueille ce match qui pourrait être suivi par une vingtaine de millions de téléspectateurs, autant que pour une finale de foot. Il devait être assez grand pour y construire un décor de 450 m2, qui a été installé lundi. Le principe du décor circulaire, visant à « donner de la profondeur », a été conservé, indique Tristan Carné, comme lors de la confrontation qui réunissaient les cinq principaux candidats. Il n’y aura pas de pupitres en revanche, les finalistes ayant préféré être assis confortablement autour d’une table, les arbitres s’intercalant entre eux.

En coulisse, tout n’est toutefois pas encore finalisé. Les journalistes, Nathalie Saint-Cricq et Christophe Jakubyszyn, respectivement chef du service politique de France 2 et TF1, ont mis à profit le long week-end du 1er-Mai pour rédiger ensemble leurs questions. Ils doivent se les répartir. Une dizaine de grandes thématiques ont été choisies. Les représentants des candidats doivent s’entendre sur l’ordre dans lequel elles seront abordées, « mais les questions n’ont pas été soumises aux candidats », insiste Nathalie Saint-Cricq.

Dans cet exercice très contraint que constitue un débat entre les finalistes de l’élection présidentielle, Nathalie Saint-Cricq et Christophe Jakubyszyn n’ont pas la prétention de révolutionner le genre. « Etant donné l’âge des candidats et l’époque qui a changé depuis 2012, nous devrions être un peu plus libres dans la formulation des questions », espère néanmoins la chef du service politique de France 2. « Nous allons essayer d’angler au maximum nos interventions », précise M. Jakubyszyn. « Nous attendons une clarification sur certains dossiers précis », ajoute Mme Saint-Cricq.

Les journalistes ne feront pas de « fact checking »

Une chose est certaine, les deux journalistes ne feront pas du fact checking des réponses des candidats. Grâce à leur oreillette, ils seront en relation constante avec Catherine Nayl et Michel Field, les patrons de l’information des deux chaînes. « Il s’agira surtout de leur donner des indications sur les temps de parole », fait savoir la première. « Nous devons être les gardiens de l’équité », renchérit le second.

Autre problème à régler : celui des plans de coupe, qui permettent de voir la réaction d’un candidat lorsque l’autre parle. « Ils ont été un peu refroidis par ceux qui ont été mis à l’antenne lors du débat à onze », assure M. Field. « Le fait de ne pas pouvoir utiliser ce que je préfère appeler des plans d’écoute rendait le débat moins vivant », plaide toutefois Tristan Carné.

Une ultime réunion avec les représentants des finalistes, les patrons de l’information des chaînes et des membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel doit avoir lieu mardi soir pour trancher ce problème. Quelques plans de coupe pourraient être autorisés sous la surveillance de représentants des candidats, qui seront dans la régie pendant le débat. Une chose a déjà été décidée : Marine Le Pen ouvrira les hostilités et Emmanuel Macron sera le dernier à conclure.