Tinder interdit d’extraire automatiquement des données de son application. | Tsering Topgyal / AP

La démarche n’a pas plu à Tinder : le développeur Stuart Colianni a « aspiré » 40 000 photos de profil issues de la célèbre application de rencontres avant de les mettre en ligne. C’est ce qu’a rapporté vendredi 28 avril le site spécialisé TechCrunch, avant que M. Colianni ne soit contraint de retirer ces images à la demande de Tinder.

Sur la plate-forme GitHub, qui permet de partager des programmes informatiques, le développeur a publié celui qu’il a créé lui permettant de récolter toutes ces photos. Son objectif : bâtir une base de données de photos de visages, afin d’entraîner des technologies d’intelligence artificielle. Celles-ci ont en effet besoin de se « nourrir » de données pour effectuer certaines tâches – par exemple, pour apprendre à reconnaître un chat, elles doivent analyser des dizaines de milliers de photos de chats.

« Pour avoir déjà travaillé par le passé avec des bases de données de visages, j’ai souvent été déçu, explique Stuart Colianni sur la page GitHub de son projet. Les bases de données sont souvent structurées de façon très stricte, et elles sont souvent trop petites. Tinder vous donne accès à des milliers de personnes à quelques kilomètres de vous. Pourquoi ne pas l’utiliser pour bâtir une base de données de visages plus vaste et de meilleure qualité ? »

« Cette personne a violé nos conditions d’utilisation »

Le développeur a ainsi mis les 40 000 photos récoltées à la disposition de tous, librement et gratuitement. La démarche s’adressait particulièrement aux personnes souhaitant les utiliser pour entraîner leurs propres programmes d’intelligence artificielle. Les photos, d’hommes et de femmes, proviennent de personnes situées du côté de San Francisco. Plusieurs photos ont parfois été aspirées pour une seule personne, ce qui signifie que moins de 40 000 utilisateurs sont concernés. Mais pas sûr que ceux-ci apprécient que leurs photos soient ainsi extraites d’un site de rencontres, publiées en ligne et utilisées pour entraîner un programme d’intelligence artificielle, le tout sans leur consentement.

« Cette personne a violé nos conditions d’utilisation », a réagi Tinder dans un communiqué. L’entreprise interdit en effet d’extraire automatiquement des données de son application. « Nous prenons la sécurité et la vie privée de nos utilisateurs au sérieux », a-t-elle souligné, tout en précisant que les images récoltées par Stuart Colianni sont « accessibles à toute personne se servant de l’application ».

A la demande de Tinder, le développeur a finalement supprimé la base de données quelques jours après sa mise en ligne, mais laissé public le programme permettant d’extraire les photos de Tinder.