Le projet de Theresa May, approuvé par la chambre basse, vise à constituer une majorité parlementaire forte avant d’entamer les négociations de divorce avec l’UE. | JUSTIN TALLIS / AFP

Deux semaines après avoir annoncé la tenue d’élections législatives anticipées le 8 juin, la première ministre britannique Theresa May a demandé, mercredi 3 mai, à la reine Elizabeth de dissoudre le Parlement.

  • Pourquoi ces élections ?

Le projet de Mme May, approuvé par la chambre basse, vise officiellement à constituer une majorité parlementaire forte avant d’entamer les négociations de divorce avec l’Union européenne. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a d’ailleurs considéré en avril que « les réelles négociations politiques sur l’article 50 avec le Royaume-Uni débuteront après les élections prévues pour le 8 juin ».

La première ministre a affirmé mardi 2 mai, dans une interview à la BBC, qu’elle avait l’intention de mener son mandat à terme, si elle conservait son poste après les élections. La chef du gouvernement cherche surtout à éviter des élections législatives en 2020, calendrier prévu initialement, car, à cette date, en plein cœur de la procédure de Brexit, le pays se serait trouvé dans une situation économique plus complexe. Les prochaines législatives se dérouleront ainsi désormais en 2022.

« Elle a bien choisi son moment, estimait Scott Corfe, le directeur du Centre for Economics and Business Research, une société de consultants, dans Le Monde. Il y a de fortes chances que les choses empirent désormais. »

Une vingtaine de députés conservateurs sont par ailleurs concernés par des risques de poursuites judiciaires en raison de leurs dépenses de campagne pendant les élections de 2015. Si leur élection venait à être invalidée, Theresa May perdrait une grande avance sur les travaillistes au Parlement.

Organiser des élections anticipées permettrait ainsi à Mme May, qui a soutenu tous les députés concernés en amont du scrutin estival, d’esquiver les affaires des élections de 2015.

  • Les conservateurs peuvent-ils l’emporter ?

Les conservateurs devraient, selon les prévisions, renforcer leur majorité parlementaire. Le parti de Theresa May tient aujourd’hui la majorité des sièges (330, alors que la majorité est à 325), devant le Parti travailliste (Labour 229) et le Scottish National Party (54 sièges).

Les derniers sondages concernant les législatives anticipées donnent une majorité très confortable au Parti conservateur, avec environ 47 % des intentions de vote, devant le Labour : 28 % dans le dernier sondage ICM pour le Guardian. Dans ce même sondage, le parti d’extrême droite UKIP, et les LibDem (libéraux-démocrates) sont chacun crédités de 8 % d’intentions de vote.

Des élections locales, prévues jeudi 4 mai, devraient servir de premier test pour la majorité conservatrice. Selon des sondages d’intentions de vote publiés fin avril, le Labour pourrait perdre des centaines de sièges au cours de cette élection locale, notamment en Irlande et en Ecosse.

  • Quel effet sur le Brexit ?

En gagnant ces élections, Theresa May pourrait conforter sa position et entamer les négociations de divorce avec l’Union européenne en poursuivant sur sa ligne. Les Libéraux-démocrates vont notamment faire campagne sur la proposition d’un nouveau référendum sur la sortie de l’UE, et ont d’ores et déjà annoncé qu’ils n’accepteraient aucun accord de coalition, ni avec les travaillistes ni avec les conservateurs.

Leur poids électoral est cependant très faible, et avec 8 % d’intentions de vote aux élections législatives, la probabilité d’un nouveau référendum est faible. Autre formation très minoritaire, le Green Party (Verts) souhaite également un second référendum.

De son côté, le Parti travailliste, officiellement soutien du Brexit, est tiraillé entre les élus des circonscriptions populaires où le vote pro-Brexit l’a emporté, et les élus qui s’étaient opposés au divorce avec l’UE. La campagne du Labour porte plutôt sur d’autres sujets, comme le système de santé du pays.