Les deux principaux protagonistes de la crise en Libye se sont rencontrés, mardi 2 mai, aux Emirats arabes unis, dans l’espoir de trouver une sortie à l’impasse politique et sécuritaire dans le pays.

Fayez Al-Sarraj, le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) soutenu par les Nations unies et l’Occident, et son rival, le maréchal Khalifa Haftar, chef des forces armées des autorités parallèles basées dans l’est du pays, ont tenu leur rencontre à Abou Dhabi pour tenter de trouver un terrain d’entente sur un règlement de la crise.

Cette rencontre est la deuxième entre les deux hommes depuis janvier 2016 et la désignation de M. Sarraj à la tête du GNA, installé à Tripoli (ouest), mais dont l’autorité n’est pas reconnue par l’homme fort de l’Est libyen. Elle a eu lieu « grâce à une médiation internationale et arabe », selon l’agence loyale aux autorités de l’Est.

Pays englué dans la crise politique

Les discussions devaient permettre de négocier des amendements à l’accord politique interlibyen signé en décembre 2015 sous l’égide de l’ONU et au terme duquel le GNA a été créé pour tenter de sortir le pays du chaos.

Six ans après la révolte qui avait mis fin à la dictature de Mouammar Kadhafi, la Libye reste engluée dans une interminable crise de transition, victime d’une insécurité persistante, d’une économie en lambeaux et de rivalités politiques incessantes.

En février, une rencontre prévue au Caire entre les deux rivaux n’avait finalement pas eu lieu.

Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, un allié du maréchal Haftar, doit se rendre mercredi aux Emirats arabes unis pour une visite de deux jours.

D’après la chaîne de télévision libyenne 218, MM. Sarraj et Haftar ont posé pour les photographes avant de s’entretenir « à huis clos » à Abou Dhabi.

Le GNA n’a pas commenté la rencontre et aucune information n’a filtré jusqu’ici sur la teneur des entretiens.

Mais des diplomates occidentaux qualifient déjà la rencontre de « très importante » même s’il y a peu de chance qu’un éventuel accord entre les deux rivaux puisse changer la situation sur le terrain, selon Mattia Toaldo, expert au Conseil européen des relations internationales.

« Je doute qu’un quelconque accord négocié par M. Sarraj soit accepté par les factions de l’ouest de la Libye, si elles estiment qu’il donnerait à Haftar une place trop importante dans le système sécuritaire ou politique », a estimé M. Toaldo.

L’accord politique de 2015, négocié sous l’égide de l’ONU, ne prévoit aucun rôle pour M. Haftar, dont les forces contrôlent une grande partie de l’Est libyen où se trouvent les principaux terminaux pétroliers du pays.

Elections en 2018 ?

Une rencontre avec l’homme fort de l’Est libyen était nécessaire pour que M. Sarraj puisse trouver « une légitimité tant désirée » auprès des autorités de l’Est, selon M. Toaldo.

Quant au maréchal à Haftar, son refus de rencontrer le chef du GNA au Caire en février avait exaspéré ses alliés et provoqué le « mécontentement des responsables égyptiens » qui semblent lui donner maintenant une « dernière chance », a-t-il relevé.

« Haftar a assoupli ses positions après un déplacement aux Emirats arabes unis il y a deux semaines », selon cet expert des questions libyennes. Le maréchal Haftar « compte échanger son appui à l’accord politique [de 2015] en contrepartie de l’organisation d’une élection présidentielle début 2018 où il lui serait possible de se présenter ».

Depuis son entrée en fonction à Tripoli en mars 2016, le GNA n’est toujours pas parvenu à asseoir son autorité sur l’ensemble du pays, y compris à l’ouest, où des dizaines de milices font la loi.

Le secteur pétrolier, qui génère l’essentiel des revenus du pays, est affecté par les violences et la production pétrolière évolue en dents de scie, même si elle a dépassé en début de semaine la barre des 760 000 barils par jour pour la première fois depuis 2014. Avant la révolution de 2011, le pays produisait 1,6 million de barils par jour.