Près d’un millier de collectifs et d’associations sont répertoriés sur la carte du « sursaut citoyen », leurs coordonnées s’affichant aussi dans un annuaire en ligne. | https://sursaut-citoyen.org/

Ils sont étudiants ou retraités, bénévoles ou salariés, engagés à titre individuel ou au sein de collectifs... A l’initiative d’associations, une carte participative recense, pour la première fois, les multiples actions de solidarité suscitées par l’arrivée de migrants dans de nombreuses villes en France. Près d’un millier de collectifs y sont répertoriés, leurs coordonnées s’affichant aussi dans un annuaire en ligne.

De « Mamie Mireille » qui « épaule des migrants » à Beauche (Eure-et-Loir) en leur préparant des repas, à « la radio des foyers », qui leur donne la parole à Belleville (Paris), des « Brevinois atterrés » (Loire Atlantique), au collectif des « mom’o chaud » de Rodez (Aveyron), la carte dessine le portrait d’une France généreuse et réactive, ouverte au monde.

« Nous voulions à la fois mettre en contact des personnes engagées près de chez elles et qui ne se connaissent pas, et donner de la visibilité à ce phénomène pour mieux combattre les discours inacceptables que l’on entend aujourd’hui », explique Juliette Gadot, membre du groupe de quatre bénévoles qui gèrent le site baptisé « Sursaut citoyen ».

Contribution volontaire

La carte fait appel à la contribution volontaire. Individuels ou collectifs peuvent s’y inscrire en remplissant un formulaire. Des bénévoles vérifient les informations puis les géolocalisent sur la base cartographique libre Openstreetmap. « Nous voulions utiliser le logiciel libre pour être en cohérence avec notre engagement », explique Erika Campelo, une autre bénévole.

Sans surprise, les métropoles centralisent le plus grand nombre d’initiatives : plus de 250 en Ile-de-France, une trentaine à Nantes, autant à Marseille ou à Lyon. La carte affiche les groupes locaux d’organisations historiques comme les réseaux des ASTI (Association de solidarité avec tous les immigrés) ou de la Cimade, qui assurent des permanences d’accueil juridique, d’interprétariat ou d’accès aux soins.

Mais l’intérêt de l’outil est ailleurs, dans le foisonnement d’initiatives récentes (un grand nombre ont démarré en 2016, voire en 2017) et spontanées, lancées par des groupes de citoyens ou de voisins.

A Vaison-la-Romaine (Vaucluse), un collectif s’est organisé pour « loger deux frères afghans jusqu’à leur insertion et leur autonomie en France ». A Avessac (Loire-Atlantique), un autre soutient une famille venue d’Azerbaïdjan. A Haguenau (Bas-Rhin), c’est un groupe d’habitants qui s’est constitué en association pour « accompagner une famille de réfugiés syriens ».

Un restaurant éphémère autogéré par les habitants

Dans de nombreuses communes, des particuliers se regroupent, comme à Frénois (Côte d’Or) où quinze familles accueillent « à tour de rôle, des demandeurs d’asile pour une durée délimitée ». A Lille (Nord), ce sont vingt-deux paroisses catholiques et protestantes qui hébergent, chacune à leur tour, une quarantaine de mineurs étrangers, à raison de quinze jours dans chaque paroisse. A Bourg-en-Bresse (Ain), Redene (Finistère) ou Argentonay (Deux-Sèvres), des collectifs baptisés les « 100 pour 1 » regroupent chacun plusieurs dizaines de personnes mobilisées pour une famille de réfugiés.

Certains répondent à l’urgence comme à Tatinghem (Pas-de-Calais) où « un groupe de citoyens bénévoles » assure des « distributions d’eau et de nourriture dans un camp de fortune ». Il y a ceux qui, à Norrent-Fontes (Pas-de-Calais), aident les femmes exilées, d’autres, à Graulhet (Tarn), les mineurs isolés.

Certains misent sur l’insertion et proposent des rencontres entre habitants et migrants : matchs de foot, repas partagés, ateliers de théâtre ou « week-ends de répit en famille aux personnes vivant dans la jungle ». A Janvry (Essonne) des habitants ont créé un « restaurant éphémère » avec repas sur réservation et plats à emporter, pour donner du travail à une famille syrienne, « le tout autogéré par des habitants de la commune », précisent-ils.

Des écoles se mobilisent aussi, à l’image d’AgroParisTech et de son dispositif « Agros Migrateurs » composés d’étudiants, de professeurs et de réfugiés engagés en faveur de l’accès des migrants à l’éducation supérieure. A l’université Paris 8-Saint-Denis, ce sont soixante bénévoles qui soutiennent 300 étudiants étrangers. A Lyon, le « coup de pouce » accompagne des étudiants étrangers inscrits à l’université.

L’équipe de bénévoles à l’origine du site prévoit de traduire en six langues l’ensemble des informations et de les assortir de pictogrammes, en septembre, pour les mettre à disposition des migrants.