Marine Le Pen et Emmanuel Macron, le 3 mai. | REUTERS

L’un et l’autre se réfèrent à Charles de Gaulle, mais la vision des deux candidats est diamétralement opposée sur les questions internationales. « La ligne que je veux avoir pour la France, c’est une ligne gaullo-mitterrandienne ; c’est l’indépendance de la France et je veux une France forte en Europe », a affirmé Emmanuel Macron, cherchant aussi sur ce point à transcender le clivage gauche/droite pour se revendiquer de ce qui fut jusqu’à l’élection de Nicolas Sarkozy la tonalité dominante d’une diplomatie française attentive à faire entendre sa différence, notamment au Moyen-Orient. C’était aussi une façon de se démarquer − un peu − de François Hollande, qui eut des accents plus volontiers atlantistes sans pour autant renier cet héritage.

M. Macron est resté dans la synthèse. Il a insisté sur la nécessité, notamment face au terrorisme islamiste, « de continuer le travail dans les alliances » d’abord avec les Etats-Unis. « Depuis la deuxième guerre mondiale, nous avons été dans le même camp avec notre voix indépendante », a-t-il dit, évoquant le refus français en 2003 de participer à l’aventure irakienne. La « priorité », c’est la lutte contre le terrorisme, a expliqué M. Macron, rappelant plusieurs fois lors du débat qu’il sera, s’il est élu, le « chef des armées ». Face à Poutine, il s’est voulu très ferme, même s’il est conscient que, sur l’Ukraine et sur la Syrie, la Russie est un acteur majeur. Mais il n’est pas question d’accepter ses « diktats », a-t-il lancé, en taclant son adversaire, « soumise à la Russie et à M. Poutine », dont « les valeurs ne sont pas les nôtres ».

« Leçons de morale »

Sans surprise, Marine Le Pen a répliqué en reprenant les thèmes habituels du souverainisme sur une « France qui sera respectée si elle redevient la France ». Elle a dénoncé « sa soumission à l’Allemagne et à la politique américaine » et appelé le pays − en évoquant de Gaulle − « à retrouver son indépendance ». Sa vision est celle d’un monde où les nations doivent à nouveau jouer un rôle central avec leurs identités propres, leurs cultures, leurs institutions, « qu’il faut respecter ». Et de pourfendre « les leçons de morale que donnent les socialistes à la terre entière », sauf à des pays comme le Qatar ou l’Arabie saoudite. Se référant au grand retour aussi bien en Russie qu’en Inde, en Chine ou aux Etats-Unis de dirigeants forts jouant sur le nationalisme, elle a lancé : « Ces grandes nations sont sur ma ligne ; elles ont tourné le dos à l’ultralibéralisme que vous continuez à défendre. » Marine Le Pen est convaincue d’avoir pour elle le vent de l’histoire même si sa rengaine est usée.