Emmanuel Macron pendant le débat de l’entre deux tours, mercredi 3 mai. | Jean-Claude Coutausse / French Politics pour " Le Monde"

Le parquet de Paris a ouvert, jeudi 4 mai, une enquête préliminaire pour fausses nouvelles en vue de détourner les suffrages, faux, usage de faux et recel de faux, à la suite de la plainte d’Emmanuel Macron contre la diffusion sur Internet de documents censés démontrer qu’il possédait un compte aux Bahamas, a fait savoir une source judiciaire à l’Agence France-Presse et Reuters. L’enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).

Mercredi soir, des documents prétendant que le candidat à l’élection présidentielle serait coupable d’évasion fiscale ont été publiés sur Internet, tandis que Marine Le Pen évoquait, lors du débat de l’entre-deux-tours, « un compte offshore aux Bahamas ». Jeudi matin, la candidate du Front national a précisé sur RMC qu’elle n’avait « pas de preuves » de ce qu’elle avançait, indiquant avoir seulement « posé la question » à son adversaire. Sur Europe 1, Louis Aliot, vice-président du Front national, a évoqué ce matin « deux sites américains qui parlent aujourd’hui d’une évasion fiscale de M. Macron, on verra ce que c’est. Sûrement que ça sortira dans la journée ».

Quelques heures avant le débat télévisé d’entre-deux-tours, un internaute anonyme a publié deux documents sur 4chan, le plus grand forum du monde. Ceux-ci sont présentés comme des fuites qui indiqueraient qu’Emmanuel Macron serait actionnaire d’une entreprise domiciliée dans un paradis fiscal.

« Si nous pouvons faire en sortie que [le mot-clé] #MacronCacheCash monte en France pour le débat de ce soir, cela pourrait décourager les électeurs français de voter Macron », écrit cet internaute en anglais. Cette publication a ensuite été relayée sur d’autres plateformes, notamment sur Twitter.

L’équipe d’Emmanuel Macron avait réagi quelques heures plus tard dans un communiqué, dénonçant une « fake news » (fausse information), une « tentative de déstabilisation » et une « campagne de désinformation numérique, d’une ampleur et d’un niveau de professionnalisme qui ne manquent pas d’interpeller ». En Marche ! accuse « les réseaux Internet de Trump et de Poutine » d’être à l’origine de cette rumeur.

Marine Le Pen évoque « un compte offshore aux Bahamas »

En Marche ! s’étonne également que Marine Le Pen ait fait référence à une prétendue affaire d’évasion fiscale pendant le débat. Lors d’une invective à l’encontre d’Emmanuel Macron, elle avait dit : « Faites attention à ce que vous dites, monsieur Macron. J’espère qu’on n’apprendra rien dans ces quelques jours (…). J’espère qu’on n’apprendra pas que vous avez eu un compte offshore aux Bahamas. »

« Voici comment une fake news (…) fait son chemin en quelques heures jusqu’au cœur de la campagne présidentielle française, déplore En Marche ! dans son communiqué, jusqu’à être utilisée presque sans fard par une candidate manifestement très au fait d’une “information” apparue deux heures avant le début du débat. »

Si ces documents semblent à première vue inédits sur la Toile, les rumeurs accusant Emmanuel Macron d’évasion fiscale ne sont pas nouvelles. Lui-même avait d’ailleurs prévenu, le 17 avril sur BFM-TV, que ce type de rumeurs étaient susceptibles d’apparaître. « Nous n’hésiterons pas à poursuivre en diffamation quiconque reprendra cette fausse information », a ajouté jeudi l’entourage de M. Macron.