La direction d’Air France a suspendu les négociations avec les syndicats de pilote et leur a proposé un projet d’accord global, ouvert à la signature jusqu’au 31 mai. | ERIC PIERMONT / AFP

Une fois encore, le destin d’Air France est entre les mains de ses pilotes. La direction de la compagnie aérienne a choisi de mettre un terme, vendredi 28 avril, aux négociations entamées en novembre 2016 avec les syndicats de navigants sur Trust Together, le plan stratégique de la compagnie, et sur Boost, la filiale à bas coût qu’elle se prépare à lancer.

La direction a justifié la fin des discussions par « plus de quatre mois de négociations avec les syndicats représentatifs, qui ont permis des avancées importantes pour un compromis équilibré ». Air France propose « un projet d’accord global [qui] est désormais ouvert à la signature jusqu’au 31 mai prochain » et attend un geste des pilotes.

Au vu de l’importance de l’accord, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), principale organisation des navigants d’Air France, qui réunira son conseil le 17 mai, devrait une nouvelle fois soumettre ce projet au vote des pilotes de la compagnie.

Des doutes sur Boost

La soudaine politique de la chaise vide de la direction a surpris le SNPL. « Nous avions bien travaillé ces dernières semaines, s’étonne Véronique Damon, secrétaire générale du syndicat. Les pilotes avaient fait pas mal de pas vers la direction à propos de Boost. » Pourtant, ils doutent toujours de la capacité de cette dernière à replacer Air France sur le chemin de la croissance.

Etude à l’appui, les personnels navigants font valoir que la filialisation de Boost ne produirait « qu’un gain maximum de 25 millions d’euros par an ». Un montant très éloigné du chiffrage de la direction, qui table sur 170 millions d’euros d’économies au prix de 15 % de gains de productivité.

En février, les pilotes avaient approuvé par référendum, à une large majorité, la création de Boost. Le sort de cette filiale ne devrait pas provoquer d’affrontement définitif entre Air France et ses pilotes. Dans un courrier adressé, mardi 2 mai, à ses adhérents, le SNPL admet que ses objectifs ne sont désormais « pas très éloignés de [ceux de] la direction ».

Rémunérations bloquées

A l’examen, les discussions ont buté sur le rééquilibrage de l’activité (« production balance ») entre Air France et KLM, réclamé à toute force par le SNPL. Si les deux parties sont d’accord sur la période, la trajectoire pour réaliser la remise à niveau des deux compagnies d’ici à 2025, les pilotes exigent toutefois plus de « garanties ». Ils estiment que la direction « veut prendre une marge trop importante ». Ils l’évaluent à « un à deux long-courriers ».

Outre la remise à niveau d’Air France vis-à-vis de KLM, il existe d’autres « points d’achoppement », constate le SNPL. Notamment la question des rémunérations, bloquées depuis six ans. Le syndicat souhaiterait une hausse de 1 % en 2017. Ce n’est pas le moment d’en discuter, rétorque la direction, qui estime avoir fait des efforts. Elle a notamment décidé de renoncer à faire appliquer aux pilotes le « solde des mesures d’économies du plan Transform » ainsi que la mise en œuvre d’un mécanisme de modération salarial.